[INTERVIEW] MAUVAIS SANG “SEINE”

Le groupe franco-suisse basé à Londres et à Genève, Mauvais Sang, navigue depuis 2016 dans un style musical singulier, mêlant la chanson française, le rock noise et la musique classique (contemporaine) avec des textes hautement poétiques. Le combo a sorti quelques semaines avant le lancement des JO son nouveau single “Seine”, où il souligne une fois de plus leur préoccupation climatique. Un thème d’actualité à bien des égards… La mélodie électrisante, intensément rageuse, associée au chant sensuel d’Ana Egorova, reflète parfaitement cette urgence nécessaire à laquelle pourtant nos dirigeants semblent bien restés sourds. Le single s’accompagne d’un clip animé, réalisé par Antoine Vercelotti, qui est également le batteur du groupe. Soulignons aussi que “Seine” est le premier extrait du prochain EP de Mauvais Sang dont la sortie est prévue pour l’automne 2024 chez Jarring Effects.  

 

Quel a été le point déclencheur qui vous a lancés sur l’écriture de ce single “Seine” ?

Une prise de conscience concrète des troubles climatiques à travers une soudaine hausse de température à Londres en plein mois de février nous a poussé à écrire le titre. Le thème tombait au même moment que l’annonce de la baignade d’Anne Hidalgo dans la Seine, ce qui nous a naturellement guidé vers une sortie en juin 2024.

 

– En début d’année, vous dévoiliez une reprise d’une chanson de Bashung où vous invitiez Pierre Guénard. Vous avez invité, à nouveau, Ana Egorova à vous rejoindre sur ce titre pour le chant. L’apport d’une voix féminine était-il prévu dès les prémices de l’écriture du single ?

L’ajout d’Ana vient originellement d’une idée de Pierre à l’écoute de la première version du morceau. Nous souhaitions amener le morceau vers une combinaison entre la voix de Pierre et sa maturité de nouveau père et la voix d’Ana presque ingénue et enfantine. Notre vision de la chanson touchant à l’enfance, nous a très naturellement porté vers ce duo.

 

– Bien Sûr, j’imagine, que le propos du titre, même s’ il fait écho (par l’actualité) directement au JO, n’est pas votre préoccupation première ? La musique, pour vous, est-elle un vecteur d’ouverture d’esprit important face à l’importance de l’enjeu climatique ?

En tant que jeunes adultes, ces enjeux sont essentiels et la musique est un bon support pour faire passer nos inquiétudes.  Les nouveaux morceaux du prochain EP sont pour la plupart guidés par cette thématique. En terme d’écologie, Seine est justement un bon exemple de nos angoisses envers une société qui ne semble pas encore se préoccuper totalement de cette question. On a aussi l’impression que cet enjeu sert souvent de prétexte politique et fait davantage office de défi à relever (comme ce fut le cas pour les JO 2024 de Paris) sans être pensé par des actions concrètes sur le long terme.

 

– Est ce que la multi nationalité de votre groupe, (Angleterre, France et Suisse), vous donne une vision plus ouverte sur le monde qui vous entoure ?

Ce qui est certain, c’est qu’on est amené à beaucoup plus échanger et à dresser des comparaisons entre les différents fonctionnements de nos pays respectifs. Musicalement, c’est également très riche, on aime dénicher des pépites anglaises, francophones et se les partager. Cela nous permet d’explorer d’autres horizons sonores.

 

– Poétique et âpre, réaliste surtout, ce nouveau single est le premier extrait de votre prochain EP, qui sortira fin 2024. Sans en dévoiler trop, est il à l’image de ce que vous allez transmettre avec ce disque ?

C’est plutôt le cas, oui! Même si les sujets abordés dans cet EP ne concerneront pas uniquement la question écologique. On y parlera d’autres choses qu’on révélera en temps voulu. Musicalement, “Seine” donne un bel avant goût de ce qui sera dans l’EP : il y aura toujours un peu de dissonance, telle que sur notre premier album “Des Corps dans le décor”, mais aussi quelque chose de plus pop, de plus entêtant avec des paroles qui ont gagné en simplicité pour être scandées ou chantées en live.