Les musiciens sont des êtres humains comme les autres, même si parfois certains d’entre eux s’affublent de patronymes fantasques pour mieux pouvoir se réunir et donner ainsi naissance à une créature totem protéiforme. Nageant avec agilité entre colde wave nerveuse et râle post-punk animal, Vipères Sucrées Salées, en est la parfaite incarnation. Ce trio carnivore, formé de jeunes Lyonnais sauvages, cache derrière cette sonorité au fer rouge, un point d’ancrage sensible qui marque tel un tatouage à l’encre phosphorescente, pour mieux faire scintiller leurs âmes ombrageuses, leurs slogans ivres de liberté. Ils roulent dans Grande Côte leur rocher de Sisyphe tranchant, aux rythmes synthétiques et aux rimes qui piquent la normalité des stéréotypes casaniers. Avec un 1er Ep éponyme cinglant qui sortira le 17 mars, nous pouvons entrevoir leurs personnalités et leurs cassures. Sans nul doute, ses taxidermistes à la sauce Frankenstein, sauront vous mater, en 5 coups de poing dans la face, un bordel bien rangé. Vipères Sucrées Salées du cold-wave frenchy efficace. Cette bande amicale évoque avec nous leurs créations musicales rugueuses…
C’est quoi l’idée de départ de votre trio « Vipères Sucrées Salées » ?
Au fur et à mesure d’avancer dans le projet on s’est retrouvé à avoir beaucoup de séquences et d’instruments type « synthé » qui étaient joués à la fois. De base nous sommes deux guitaristes. Ca devenait évident qu’on ne pouvait pas tout faire ni tout jouer à la fois et d’un point de vue artistique, intégrer un claviériste était une bonne option ! Alors Axel est arrivé dans le groupe à ce moment là.
Prendre une Vipère comme animal totem c’est curieux. Ce choix est-il le fruit du hasard ? Ou alors l’avez-vous choisi symboliquement pour sa capacité à muer dans une forme de renaissance, de nouveau départ ?
L’idée de la vipère est partie d’un délire. On se promenait sur l’île de Batz (Bretagne) et on s’imaginait que l’île était peuplée de créatures sorties d’un autre monde. Des singes fluorescents à bras sandwich, des mouches qui brillent, des vipères sucrées salées … Au moment de former le groupe on a instinctivement choisi la dernière option ! Ca sonnait bien et ça avait du sens artistiquement avec ce qu’on faisait.
Votre Ep vous l’avez composé à trois ? Vous-fonctionnez comment pour composer et enregistrer ensemble ?
L’EP a été composé dans sa quasi intégralité par Mattis (guitare/chant). C’est lui qui est à l’initiative du projet et qui a donné le ton pour ce premier EP – les autres n’étant à ce moment-là pas présents-. Le dernier morceau « Le Coeur et les Lumières » est aussi une de ses compositions mais cette fois ci arrangée avec tout le groupe. Tout se fait à la maison et dans la plupart des cas, nous travaillons chacun de notre côté sur une compo et ensuite nous la proposons aux autres. Assez rapidement nous tombons tous d’accord pour savoir si ça colle avec l’esprit du groupe !
Sans chercher à vous coller des étiquettes vous avez forcément des influences. Vous avez écouté quoi pendant la composition de « Vipères Sucrées Salées » ?
Dans les grandes lignes on peut parler de post-punk, de new wave et cold wave je dirais, avec des influences électroniques et industrielles comme celles de Einstürzende Neubauten. C’est assez marrant parce qu’en parallèle on écoutait les Bee Gees et Parcels mais bizarrement on ne le retrouve pas trop dans l’EP !
J’ai l’impression que dans vos 5 titres il y a un angle d’attaque (une approche) rude, de poésie froide, saillante et pourtant lunaire, ou presque romanesque parfois. Au-delà du rythme post-punk/cold-wave finalement très entraînant, vous cherchez à transmettre quoi avec ce disque ?
Je pense que cet EP reflète beaucoup de nos trajectoires personnelles. Pour être sincère il faut être transparent et les textes sont à l’image des moments de galère, des déceptions et des déconvenues qu’on peut rencontrer dans la vie quand on est jeunes adultes. L’art, la musique en général aident beaucoup à garder un cap dans ces moments-là. Mais nous n’avons jamais été défaitistes pour autant ! On aime beaucoup délirer et tourner les choses en dérision. C’est une porte de sortie. Je pense que c’est aussi pour ça qu’on ressent un aspect absurde et décalé dans certains des textes.
Votre premier EP sort le 14 mars. A quelques jours de la sorte vous vous sentez comment ?
Bien excités ! Ça fait à peu près un an que les morceaux sont choisis et que l’atmosphère de l’EP est dessinée. Nous avons rencontré beaucoup d’aléas, de problématiques techniques en tout genre, ça nous a demandé beaucoup d’énergies, surement dû au fait que ce soit un premier projet conséquent. Mais ça y est le plus gros est fait ! On a bien hâte de pouvoir proposer ça aux gens et d’aller se confronter aussi au public dans la tournée que nous préparons pour cette sortie !
C’est quoi vos projets pour la suite ?
Nous avons à peu près une vingtaine de morceaux qui sont terminés et nous sommes en train de voir quelles sont les meilleures stratégies de sortie. Est-ce que nous partons sur un deuxième EP suivi d’un troisième ? Ou est ce qu’on réunit tout dans un album ? On part sur une sortie single avec un clip ? Toutes les options sont possibles ! Dans tous les cas, nous allons prendre plus de temps pour enregistrer nos idées, les instruments et passer plus de temps en groupe sur la partie arrangement. Travailler plus en profondeur en studio pour avoir un résultat encore plus précis et plus authentique ! Aller creuser encore un peu plus loin l’esprit de ce projet en bref et commencer à serpenter dans la scène rock française …
Photo de couv. © Mathilde Lacour