Quand l’électricité du post-punk rencontre la douceur éthérée de la dream pop, que les mélodies indie se frottent aux échos lo-fi, il se produit une étincelle. Une alchimie rare, aussi imprévisible qu’une collision de papillon de nuit loin des sentiers battus. C’est dans ce fracas incandescent qu’est né ce supergroupe, un collectif de musiciens habités par une urgence créative, une soif insatiable de sons, de distorsions et d’expérimentations. Dans cette aventure musicale presque accidentelle, quatre figures se sont trouvées : le chanteur Francis Mallari, émissaire des ténèbres sonores avec Rendez-Vous, à la basse Erica Ashleson, prêtresse d’une indie pop vaporeuse à travers Special Friend, Dog Park et EggS, Alex Battez de Marble Arch, batteur métronome lumineux, et enfin Jack Moase, l’Australien de Liquid Face, à la guitare, véritable électron libre du garage rock.
À eux quatre, ils fusionnent leurs univers dans un malicieux assemblage, sorte de puzzle aux pièces de prime abord disparates, créant un son à la fois brut et vertueux, abrasif et tendre, un équilibre fragile entre chaos et harmonie. La signature sur Geographie Records, label de Nicolas Jublot (programmateur du Point Éphémère à Paris) est une motivation supplémentaire. Ici, pas de calculs, pas d’égo, juste l’envie viscérale de jouer ensemble, comme des ados enfermés dans un garage à refaire le monde en accords mineurs. Chaque riff est un cri de liberté, chaque reverb une invitation au voyage, chaque coup de batterie une pulsation qui électrise les esprits. Et c’est là toute la magie de cette rencontre : une bande de potes qui, sans prétention, viennent de tisser une nouvelle toile sonore étrange et pourtant familière.
Schøøl, un supergroupe au naturel, sans artifice, porté par la simple joie de créer, d’expérimenter et de faire vibrer les corps.
Pouvez-vous nous parler un peu de l’origine de votre projet ?
Francis : Schøøl, c’est un projet que j’ai commencé en 2023. J’avais besoin de retrouver une certaine innocence dans la musique, parce que mon autre groupe, Rendez-vous, était devenu un peu trop sérieux à mon goût. Je voulais revenir à quelque chose de plus spontané, comme quand on faisait de la musique ado, sans prise de tête.
Alex : On s’est rencontrés un peu par hasard. Moi, j’habite à Berlin, et Erica et Jack sont à Grenoble. On a des potes en commun, et tout s’est fait très naturellement.
Erica : Moi, je joue dans d’autres groupes, mais je voulais un projet où je faisais uniquement de la basse. Quand Francis m’a proposé de rejoindre Schøøl, c’est tombé pile au bon moment.
Votre musique a une énergie instinctive. Est-ce que votre façon de composer suit la même logique ?
Francis : Oui, totalement. Je compose très vite. Si une idée ne prend pas forme tout de suite, j’ai tendance à la laisser tomber. Parfois, j’enregistre un mémo, et deux heures après, j’ai déjà un morceau entier avec les paroles.
Alex : On a reçu une démo il y a quelques jours, on l’a répétée hier, et on le joue déjà ce soir ! C’est vraiment un processus ultra spontané.
Erica : C’est pas le truc le plus évident, justement, comme on est un peu tous épars. Mais on a chacun notre touche, on rajoute des chœurs, des arrangements. Au final, ça part d’une idée de Francis, mais ça devient un travail collectif…
Est-ce qu’en amont, vous mentalisez les choses ? Vous réfléchissez à ce que vous voulez obtenir ?
Francis : Non, pas vraiment. Parfois, j’ai une idée qui déballe d’un coup sans savoir vraiment pourquoi.
Vous êtes tous un peu sur cette même énergie instinctive là ?
Erica : Dans mes autres projets, oui. C’est toujours été très spontané. C’est Francis qui compose souvent la trame d’origine. Nous, on vient y rajouter nos touches. Par exemple, je vais faire des chœurs, qui n’étaient pas prévus.
Francis : J’édite les drums, au départ, mais je sais qu’il va les faire à sa sauce après. Et c’est bien mieux.
Ça a commencé comme ça, mais on ne sait jamais comment ça peut évoluer par la suite. J’aimerais des tracks où Erica chante, par exemple. Ouvrir un peu le projet sur quelque chose de beaucoup plus collectif.
Erica : Francis, c’était son projet à la base, il était le point de connexion entre nous. mais maintenant on est devenu un vrai groupe, je trouve ça cool. Et on s’amuse bien ensemble. On aime bien garder un peu de mystère pour la suite.
Alex :Et puis ce qui est drôle, c’est que par rapport à nos autres projets dans Schøøl, on a tous échangé nos rôles, nos instruments. C’est une opportunité aussi de découvrir d’autres choses en étant moins dans le confort. Et pourtant sans stress. Pour moi, c’est une belle aventure à vivre.
C’est seulement votre deuxième concert ensemble ce soir. Qu’est-ce que ça vous fait d’être programmés aux Bars en Trans ?
Jack : C’est trop cool ! Surtout pour les 5 ans du label Geographie. On est un jeune groupe, on n’a sorti que deux morceaux pour l’instant, donc c’est un vrai boost.
Francis : C’est fou de voir autant d’enthousiasme alors qu’il n’y a pas beaucoup de titres de sortis. Ça fait super plaisir, surtout que ça sera notre deuxième concert tous ensemble (rire).
Ça va être hyper bien.
Qu’est-ce que ça vous a fait de vous retrouver tous ensemble sur scène pour la première fois?
Francis : Le lendemain, je me rappelle avec Erica qu’on s’était dit qu’on était méga nostalgiques dès le lendemain du concert. C’était un truc magique. C’était fort.
C’était dingue de se retrouver pour la première fois ensemble sur là scène du Point Ephémère.
Alex : Je suis toujours parfois un peu stressé avant de monter sur scène. Là, on était vraiment détente. Il n’y avait aucun stress.
Francis : Comme je te disais tout à l’heure, on avait envie de retrouver l’énergie des débuts et c’est pour ça aussi qu’on fait Schøøl. Là, c’était vraiment ce qu’on a tous ressenti.
Vous le disiez précédemment, vous avez chacun des projets parallèles. Qu’est-ce que Schøøl vous apporte de différent en réalité ?
Francis : L’innocence et l’énergie des débuts. On est juste des potes qui veulent jouer ensemble et s’éclater.
Erica : On s’est découverts en jouant ensemble. On ne se connaissait pas tant que ça au départ, et maintenant, on passe des Noëls ensemble !
Alex : C’est vraiment un projet de bande. On ne se prend pas la tête, et ça fait du bien.
Francis : On a juste hâte de pouvoir partir tous ensemble en tournée. À chaque fois, on se le redit. C’est un peu comme être en colo. Il y a un truc hyper sympa à faire ce projet entre potes.
Vous avez déjà pensé à votre scène où vous rêvez de jouer ensemble ?
Erica : La Route du Rock, l’été, sans hésiter ! Même si c’est sur la plage. On a déjà fait l’édition été en 2021 avec mon groupe Special Friends. J’aime trop ce festival.
Alex : Moi, la Maroquinerie à Paris. C’est une salle qui mélange taille humaine et super acoustique. C’est ma salle préférée à Paris. On l’avait fait avec Francis pour son projet solo. C’était vraiment cool. Ça me plairait de le refaire.
Francis : La Maroquinerie, je suis d’accord. La connexion avec le public est immédiate là-bas. La salle est assez grande et intimiste à la fois. C’est assez rare.
Jack : Je suis d’accord pour la Maroquinerie et aussi pour la Route du rock. Pourquoi pas les deux ? (rire)
Bon voilà, vous êtes d’accord sur le lieu où faire la release party de l’album !
Erica : Oh yeah !
Et justement, l’album, il arrive quand ?
Francis : premier semestre 2025. On est en train de tout finaliser.
Erica : J’ai trop hâte. Jouer en live, c’est ce que je préfère, mais un album, c’est aussi une carte de visite pour exister dans le milieu.
Ça vous fait quoi de fixer votre collectif, votre énergie, votre sens du fun sur disque ?
Francis : Oui, carrément. Ça permet d’exister dans ce milieu. D’avoir un album, sur le point de vue commercial. Sinon, j’ai trop hâte d’avoir l’objet et de jouer les morceaux ensemble. Et puis, j’ai déjà des morceaux pour la suite. Ce soir, on va aussi jouer des titres qui ne seront pas sur l’album. (rire)
Le fait de travailler ensemble sur un projet, ça soude encore plus votre amitié ?
Francis : Oui, grave.
Erica : On s’est tellement tous croisés avec nos projets qu’on est devenu pote, et maintenant j’aime trop passer du temps avec eux. Je voudrais être avec eux tout le temps. On va aller au skate park, au parc à chiens ensemble. Je pense qu’on va bien s’amuser.