[Interview] Pythies – DISILLUSION

Sorcières du grung moderne et ésotérisme féministe puissance trois, le 1er disque de Pythies c’est ce qu’il vous faut pour assouvir votre soif d’énergie 100% magique.
Que votre cercle soit composé de cinq ou de vingt aficionados qui ce retrouvent de manière régulière pour partager vos nouvelles trouvailles, ce 1er disque “Disillusion” contient tout ce dont vous avez besoin en termes de rock énervé, de sensualité sauvage, de fougue militante et de sorcellerie mélodique pour vous retourner le cerveau et vous mettre les pieds en feu. Le trio Pythies, witchy grunge parisien fondé par Lise.L (ex- Romance) fin 2022, s’appuie sur des bases solides riches de leurs expériences dans des combos aux ADN variés et des influences multiples, pop/rock/punk/grung, reconnaissables, partageant cette fois sous le même étendard la rage et la folie qu’elles ont en elles. Assurément en live, l’expérience risque bien d’être pimentée et déjà sur disque, vous allez transpirer.

 
 
– Pourriez-vous revenir sur l’origine de votre groupe ?

Lise : J’ai fondé le groupe en 2023, je voulais à tout prix faire un groupe uniquement avec des femmes, et qui embrassait à la fois mon goût pour le grunge et mon intérêt pour le féminisme et l’ésotérisme.
J’ai rencontré Anna par le biais des réseaux et Alice a rejoint l’aventure il y a peu, on l’a connue à travers son projet SheWolf.

– D’où vous vient cet amour pour la musique et à plus forte raison le punk rock ?
Lise : Le punk rock non, le grunge oui aha. Je baigne dans la musique depuis très jeune, et depuis ado c’est devenu indispensable, je dissocie énormément et je fais beaucoup de rêverie diurne compulsive, j’ai besoin d’une BO pour accompagner ma vie.
Anna : Le punk rock se veut viscéral, énergique et plein de revendications. J’aime le lâcher prise que suggère ce style de musique.
Alice : le grunge est également la veine du rock qui me parle le plus ! J’aime l’alliage de l’énergie brute, de l’amour de la mélodie et des textes introspectifs. J’adore les harmonies vocales et l’énergie de groupe en général.

– Pourquoi avoir pris le nom de PYTHIES, vous êtes fans de mythologie ou d’ésotérisme ? 
Lise : On est fans des deux. Le nom Pythies vient de la Pythie, l’oracle de Delphes. Je ne crois pas que l’un aille sans l’autre. On aime bien nous dire qu’on est les prêtresses du grunge.
Anna : La mythologie, les mythes, les symboliques, les interprétations… C’est passionnant ! Même si on veut rationaliser, on ne peut pas négliger la beauté et la poésie derrière tout cela. Je considère le groupe Pythies comme un coven de sorcières modernes.
Alice : L’univers mythologique est très riche, c’est un outil d’analyse et d’expression précieux, universel et millénaire. La symbolique est un langage qui permet de mieux comprendre et représenter le monde, et mais aussi son monde.

– Vous aviez toutes d’autres formations avant de vous réunir sous le même étendard. Quelle est l’énergie commune et comment définiriez-vous votre style ?
Lise : On a toutes les trois des goûts musicaux distincts, même en dehors des autres formations qu’on a pu avoir par le passé. Moi je suis plus goth/cold wave même si j’adore le shoegaze ou le stoner enfin bref, je rejoins Anna sur le métal et avec Alice on se rejoint pas mal sur les 90s. Ce qui nous unit toutes les trois c’est le grunge et le mouvement riot grrrl des 90s.  
Anna : Oui, je trouve qu’on se réunit pas mal sur le grunge et l’idéologie du mouvement riot grrrl des années 90, “girls to the front” et l’empowerment. Ce n’est pas feint.
Alice : On partage quelques références musicales pour sûr, un imaginaire sans doute, et un fort besoin de catharsis.
 


– Avec qui avez-vous travaillé pour élaborer ce 1er EP “Disillusion” ? 
Lise : On a enregistré avec Clémence Dufieux et c’est Andrew Guillotin qui a mixé et masterisé le projet. C’est majoritairement moi qui me suis chargée de la production, mais on aimerait travailler avec d’autres gens pour l’album.
 
– Est-ce que le fait de réaliser ce disque vous a permis d’affirmer davantage ton univers artistique ?  
Lise : Je pense que oui, c’était le but principal. Après, plus ça va, plus je compose des morceaux dissonants et plus déstructurés, donc je pense que l’univers artistique du groupe est en constante évolution.
 
– Votre groupe dégage une bonne dose de folie furieuse avec un sacré sens du rythme. Quels sont vos artistes de référence ?
Lise : Pour ce projet, L7, 7 year bitch, Sonic Youth, PJ Harvey, Queenadreena, Elastica et pour toujours Depeche mode (Ultra et Songs of Faith and Devotion) <3
Anna : Je crois que mes 2 plus grosses références sont L7 et Obituary. Ensuite, j’adore Siouxsie and the Banshees, The Beatles, Black Sabbath, Gojira et Dool. C’est assez éclectique, tout en restant profondément rock et intense.
Alice : Hole, PJ Harvey, Dolly, Radiohead, Placebo

– Il y a aussi chez vous, à la façon d’un Girl Power explosif, un esprit revendicatif féministes mais pas que. Quels sont les problématiques qui vous animent ?
Lise : La lutte contre le patriarcat en général, dans les textes je parle aussi beaucoup de la manière dont je me sens souvent prise pour une bimbo et une Barbie par mes confrères, notamment dans “Blondinette”. Il y’en a tellement des problématiques encore que ce serait long de toutes les énumérer.
Anna : les égalités de genre et l’inclusivité, le partage de la charge mentale.
Alice : L’humanisme de manière générale, mais aussi, en ce qui me concerne et sur un plan plus existentiel, l’acceptation de la finitude des choses, de leur caractère toujours relatif. J’essaie de faire un deuil de l’Absolu chaque jour de ma vie, haha.

– Maintenant que ce 1er EP est prêt à sortir, comment vous sentez-vous ?
Lise : Je me sens prête à sortir des nouvelles chansons aha, je compose énormément donc je me lasse vite, là j’ai déjà envie de faire 3 albums. Je pense que ça va permettre de nous aider à jouer dans d’avantages de belles scènes et de festivals.
Anna : Extrêmement heureuse ! Sortir ce 1er EP est une étape importante pour le groupe. On espère vraiment qu’il va plaire !
Alice : C’est cool d’avoir un record à son actif, ça assoit les choses, ça pose une première pierre !  J’ai très hâte de la release party…et d’enregistrer mon premier opus avec Pythies, car c’est la précédente guitariste du groupe qu’on entend sur Disillusion.

– Vous serez sur la scène du Point Éphémère le 1er octobre. L’occasion de présenter vos titres en live. Comment vivez-vous l’expérience du live ?
Lise :  Je pense que c’est très très différent de l’enregistrement. Je trouve ça fou de pouvoir mener et guider un public, comme un gourou d’une secte (si on y arrive bien). Si je ne fais pas un concert par semaine au minimum, ma vie n’a plus de sens, c’est devenu addictif.
Anna : Le lieu où je me sens le mieux, c’est sur scène, devant des gens. Un peu plus haut, je parlais d’un esprit de coven entre membres du groupe, mais je ressens aussi ça dans la communion entre le public et nous sur scène. On travaille dur pour proposer du bon live. Et le moment venu, on se lâche, on donne tout. Personnellement, je vis l’expérience du live comme une transcendance.
Alice : comme un éternel challenge, celui de donner toujours plus, de faire toujours mieux, de vivre le moment, d’être dans l’instant, de faire advenir ce lâcher-prise, de passer de la représentation à l’incarnation. Les moments de grâce qu’on peut avoir en concert font partie des meilleures expériences de ma vie.

 
 

Photo de couv. (c) Apolline Gragne