[Interview] MACADAM CROCODILE – Hold On Darling

Après des années à expérimenté les scènes d’ici et d’ailleurs, XAVIER POLYCARPE (Gush) et VINCENT BRULIN (IZIA, Alain Chamfort) s’unissent pour former Macadam Crocodile. Un duo aux accents électro-funk-disco et à l’énergie spontanée, qui nous invite à venir user nos plus beaux souliers sur le dancefloor. Alliance d’un groove affuté, de funk tropical, et d’une furie bien rock. Une vraie performance scénique où le plaisir d’être ensemble transpire par tous les interstices de nos écailles bitumées. Quelques minutes avant de monter sur les planches du Cabaret Botanique du Thabor dans le cadre du Festival Mythos, Vincent et Xavier, ont répondu à mes questions sur leur univers et Hold On Darling leur dernier EP  » Hold On Darling « . 

 

On se rencontre aujourd’hui dans le cadre du festival Mythos. Vous avez déjà vu un peu le Cabaret Botanique ?
Xavier : Oui, on vient d’y faire les balances, et on y a déjà joué car c’est un truc standard le Magic Hall, au Cabaret Sauvage à Paris. Ça donne une ambiance assez différente en live, c’est festif, il y a une énergie circulaire, ça nous correspond bien !

 

Vous pouvez exposer rapidement l’origine de votre projet ?
Xavier : On est dans la musique depuis longtemps, on avait chacun des projets de notre côté. Et on s’est retrouvés  juste pour le plaisir d’improviser pendant des heures sans savoir où on allait. Le projet est né comme ça, juste faire de la musique ensemble ! Un jour on nous a proposé de jouer dans une fête et on a fait danser des gens, c’était assez sauvage, à l’impro totale. Petit à petit, un set s’est dégagé avec le temps.

 

Vous avez découvert tout votre environnement musical dessus ? Car ça évolue quand même.
Vincent : Oui, on est partis de samples très discos, funks, années 70. Il y avait pas mal de boucles, ce qui a évolué c’est avec le Covid : on a moins joué. Le  principal changement, c’est quand on a commencé à être programmés dans des festivals, alors qu’avant on jouait essentiellement dans des clubs, on n’avait pas d’horaires, on partait en improvisation pendant longtemps. Du coup on a dû structurer notre improvisation on va dire ! Et puis on s’est dit que ce serait bien d’enregistrer ce premier jet qui s’était construit depuis quelques années, en étant structuré. Il y a toujours des charnières, mais avec des plages sur lesquelles  on improvise, ça continue . Et puis des textes un peu chantés, qui racontent quelque chose, on a des trucs à dire aussi ! Ça s’est développé quand on s’est dit que ça serait bien qu’il y ait un début et une fin!

Xavier : Il y a un EP qui est sorti au mois d’octobre et avant ça on avait sorti un live. Le travail a été différent aussi sur cet EP parce que du coup il n’a pas été construit en live, ça a donc été fait avec une autre énergie, une énergie de studio où on n’est que tous les deux, ce n’est pas la même chose que quand tu as 500 personnes devant toi qui dansent ! Donc ça a été un peu plus intime !

 

Sur scène, il y a aussi le côté un peu festif, plutôt fun. Vous aimez embarquer un peu les gens ?
Vincent : C’est qu’on disait tout à l’heure, il y a cette idée de base de faire des vibes avec des gens, c’est un peu participatif. S’il y avait un cahier des charges pour Macadam Crocodile, ce serait “faire danser les gens dans un esprit de fête collective”! On aime ça et on vient de là : jouer dans des boîtes où les gens dansent tout autour de toi et vibrent avec toi ! Et on a aussi ce point commun d’aimer improviser. On a l’impression d’avoir cette énergie commune !

 

Il y a quand même des choses un peu complexes en ayant cette structure musicale construite, comme vous l’avez dit vouloir emmener les gens tout en gardant et garder cette notion d’impro un peu instinctive ?
Vincent : C’est vrai qu’on se permet ça, mais on a beaucoup travaillé en amont avant d’être ensemble. On a acquis une certaine technique qui nous permet justement d’être à l’aise. Il y a aussi ce truc un peu excitant d’essayer des trucs, d’être un peu sur le fil : on est les premiers à le ressentir ! On voit bien que ce qui nous amène, ça plaît aux gens aussi.

 

On pourrait dire aussi à l’extrême qu’un live ne ressemble pas à un autre live, grâce justement de cette interaction particulière que vous avez avec le public ?

Xavier : Heureusement ! On essaye d’insuffler des émotions particulières que l’on retrouve, mais l’ambiance n’est jamais vraiment la même.

 

Vous avez déjà réfléchi à…
Xavier : Non ! (rires)

Vincent : On va faire une interview oui/non, ça va être plus rapide ! (rires)

 

Est-ce que vous avez déjà réfléchi à la suite ? Des choses que vous voudriez pousser plus loin, des choses que vous voudriez vous interdire ?
Xavier : On a vraiment commencé comme ça, sans label, sans maison de disque et à un moment on s’est dit que ça serait chouette d’enregistrer un moment. On l’a fait en live à Paris au Badaboum, filmé et enregistré, et on a sorti le premier EP. C’était le concept, en sachant que les live, ce n’est pas ce qui est forcément le plus écouté. Puis on s’est dit que ce serait bien de faire des trucs plus studio, et là on est en train d’aborder la troisième étape qui est à définir, mais on revient au côté un primaire, d’impro, de partage, en moins formaté. Maintenant on est accompagnés d’une équipe, donc il y a moyen que ça nous offre des opportunités différentes.

 

Et pourquoi Macadam Crocodile ?
Xavier : Parce que. (rires)

Vincent : Parce qu’on a beaucoup fait de concerts dans des clubs, dans des villes, donc on avait besoin d’un nom avec 2 mots parce qu’on est deux, et on voulait une dualité, quelque chose en opposition. Comme on jouait des stress très sauvages dans des clubs, dans des sous-sols : Crocodile, mais cependant dans des villes, dans une coutume de club très urbaine.

 

Rien à voir avec le bitume et les sacs à main alors ?
Vincent : Sans déconner on a vu qu’il y avait une machine industrielle qui creuse, il y a des cailloux qui remontent sur des tapis, ça les broie et ça les trie et ça s’appelle Macadam Crocodile ! Et je ne sais pas pourquoi on n’a jamais pensé à faire un live avec ça ! (rires)

 

On va parler collaboration. Quels sont les artistes avec qui vous avez et aimeriez collaborer ?
Vincent : Mezerg qui est un pote maintenant, on l’a rencontré sur LE FAIR, une sorte d’organisme, de tremplin. C’est une vraie rencontre et une belle collaboration, on a écrit ensemble, et sorti un mini EP “The lightning” en 2021. Mais dès qu’on est sur scène, d’une manière générale, il arrive souvent qu’il y ait des musiciens qui viennent nous rejoindre (Isaac,  l’Impératrice, etc…) 

Xavier : Dès qu’il y a des copains musiciens, hop ! Ce sont toujours des collaborations live, à consommer instantanément !

 

Ce qui ressort quand on parle de vous, c’est justement ce côté instinctif de partage qui est assez bluffant.
Xavier : Ça fait vraiment plaisir ! Car le partage c’est un mot qui vraiment nous plaît, de façon très égoïste (rires).

 

 

 

Photo de couv. Stéphane Perraux – Retranscription Anne-Marie Leraud