[Interview] Fat Bottomed Boys – « Metropolis »

Fat Bottomed Boys, le plus British des groupes de rock français, dont le nom rend un hommage espiègle au règne flamboyant du rock, faisait son retour avec « Metropolis », leur nouvel album qui succède à l’excellent « Haters Gonna Hate » (2023). Le groupe a tissé des collaborations internationales, contribuant à la bande originale du film franco-américain Borrowed Time 3 et du roman australien The King Of Rhye, ou formant un duo inattendu avec le groupe de bluegrass Secret Garden and The Dusty Man. Mais c’est surtout leur duo virtuel avec Freddie Mercury sur la chanson New York en 2021 qui a fait le tour du monde, laissant une empreinte indélébile dans les mémoires des fans. Depuis 2022, Elash et The Sgt, ont été honorés en tant qu’artistes officiels par Brian May Guitars, la marque fondée par le légendaire guitariste de Queen. Un son puissant, des tenues flamboyantes et un jeu de scène spectaculaire transportent le public dans un tourbillon d’émotions, créant un moment intensément captivant, hors du temps. Cette nouvelle sortie confirme le talent du groupe, en explorant ses forces, ses faiblesses et sa contribution à la gloire du rock. Quatre ans depuis leur dernier album, souligné par une belle maturation créative, avec une grande évolution musicale, dans une production indéniablement impressionnante, créant un paysage sonore vaste et immersif qui complète parfaitement la puissance du combo. 

« Metropolis » est votre cinquième album en quatre ans. Comment maintenez-vous un rythme de création aussi soutenu tout en conservant une telle qualité ?
C’est la conjonction de plusieurs facteurs :

Nous sommes plutôt inspirés.
Elash qui est Ingé son dans le civil a un studio à domicile, ça aide pas mal à enregistrer des idées et même enregistrer tout court.
Et on n’est pas débordés par des tournées mondiales…

En vrai, on est un peu boulimiques concernant la création de chansons. Le titre de notre deuxième album faisait directement référence à cette profusion de morceaux : Too Much Is Not Enough ! Car déjà à l’époque, sortir 2 albums à un an d’intervalle nous semblait un peu fou. On ne savait pas qu’on venait de mettre le doigt dans un engrenage infernal !

Évidemment, ce rythme effréné n’est valable que parce que l’inspiration est là, et que des projets en collaboration s’offrent à nous. On ne se met aucune contrainte quant à la fréquence de sortie de nos albums, et si l’inspiration venait à tarir, ou si la qualité des albums en pâtissait, alors on lèverait le pied. Notre but n’est pas de sortir un album par an, mais d’enregistrer de la bonne musique, un point c’est tout.



Vous avez la réputation de proposer l’héritage de Queen. Que représente Queen en réalité pour vous ?
Nous sommes tous des fans absolus de Queen, tombés dans la marmite quand on était petits. Ça a été notre porte d’entrée dans le rock et la pop, et même au-delà car la musique de Queen est extrêmement riche et aborde pratiquement tous les styles musicaux. C’est en cela que nous considérons Queen comme nos modèles : ils nous ont montré qu’en restant dans l’univers étendu du rock, on pouvait toucher à tous les genres de musique, sans jamais se répéter. Et qu’il était possible de proposer de la musique travaillée, recherchée, parfois même complexe, au grand public.

Nous nous sommes rencontrés au sein d’un tribute band de Queen, un vrai, qui s’appelle Rock You! et qui fête ses 10 ans d’existence cette année. On a donc pas mal décortiqué la musique de Queen jusqu’à se l’approprier. Et puis, nous avons voulu aller au-delà, et quoi de mieux pour rendre hommage que de proposer de nouveaux morceaux ? Nous, en tant que fans, nous faisons ce que nous aimerions entendre. Comme Queen n’a pas sorti de nouvel album depuis des années, pour des raisons inconnues…, nous prenons le relais, mais modestement. Nous ne pouvons prétendre rivaliser ne serait-ce qu’une seule seconde avec Freddie Mercury, mais nous pensons que les fans, et les gens qui aiment Queen en général, apprécient la démarche et ont envie d’avoir de nouvelles mélodies à se mettre dans l’oreille.


Au-delà de Freddie Mercury, Quelles sont les influences musicales qui vous intéressent et vous inspirent  ?
On à plutôt des goûts de vieux et des influences qui vont des Beatles à Deep Purple, en passant par Jet, Led Zeppelin, ELO, Elton John, Van Halen, AC/DC… ou des choses moins rock comme Morcheeba, Renaud, du jazz, du classique, des musiques du monde…


L’album est accompagné de deux clips, « Locomotive Heart » et « Just One (More) Dance ». Comment ces deux clips complètent-ils l’histoire et l’ambiance de l’album ?
Locomotive Heart ne fait pas partie de l’album Metropolis. Elle sera en fait dans le troisième volet de la trilogie (cf 5.), mais Craig Mulhall avait envoyé le texte de cette chanson en même temps que les autres textes, et on l’a trouvé tellement inspirant qu’on en a fait une chanson sans attendre la parution du troisième livre.

Just One (More) Dance est sans doute le morceau le plus pop qu’on n’ait jamais écrit. Il s’agit en fait de la première version de la chanson écrite sur les paroles de Craig. Mais quand on lui a envoyé, bien qu’il l’ait appréciée, il n’a pas validé la chanson. Elle ne s’inscrivait pas dans l’ambiance plus introspective et cosy du passage de son livre. On a donc fait la version balade, Just One Dance. Mais cette première version était tellement bien qu’on ne pouvait se résoudre à la mettre à la poubelle… On espère même que ce sera le tube de l’été !! On en a fait un clip fun qui on l’espère vous plaira autant qu’on s’est amusé à le faire.


Pourquoi utiliser le titre « Metropolis ». Quel est le concept global de l’album et quels thèmes abordez-vous ?
Metropolis est au départ le titre d’un film de Fritz Lang du début du siècle dernier, dont Queen a utilisé des extraits dans son clip de Radio Gaga.  Mais c’est surtout, pour ce qui nous concerne, le deuxième roman de notre ami auteur Australien Craig Mulhall, second volet de la trilogie « The King of Rhye ». Craig est notre pendant littéraire, il écrit des romans se déroulant dans un univers créé par Freddie Mercury et truffés de références à Queen. Nous avions fait la bande originale du premier roman, et Métropolis est donc la bande originale du deuxième.

Il a écrit tous les textes qu’il nous a envoyés avant même la rédaction du roman. Il aborde différents thèmes comme le progrès porteur d’espoir mais aussi de destruction, le souvenir du père décédé, l’amour interdit, voire des références subtiles aux monstres sacrés du rock dans le morceau Twenty.


Votre musique mélange les genres, du rock progressif,  Funk ou Pop rock. Avec qui avez-vous travaillé et comment votre processus créatif se déroule-t-il en studio ?
Fat Bottomed Boys est né pendant le Covid. Et depuis le début, on a tout fait tout seul. L’avantage d’avoir un studio à domicile.

Notre premier album, à la naissance du projet, versait plus dans l’exercice de style.  On avait au départ chacun de notre côté quelques bribes de chansons qui trainaient dans nos tiroirs et qu’on a vite transformées en morceaux finalisés. Puis on s’est mis d’accord sur quels genres de morceaux écrire spécifiquement pour l’album: il nous manque un morceau comme ci, ce serait bien d’avoir une chanson un peu comme ça…

Puis à partir du deuxième album on a fait les choses naturellement, sans chercher à remplir un cahier des charges. Mais avec toujours la volonté de sortir de notre zone de confort et de ne pas nous répéter.

Au fil du temps, Fat Bottomed Boys étant devenu un vrai groupe de live avec l’arrivée de Nico à la batterie, Guillaume à la basse et Julien au clavier, on a pris la décision de partir tous ensemble une semaine en studio et de créer ensemble. On pensait repartir avec 3ou 4 maquettes, mais l’environnement de travail étant tellement favorable, on a posé les bases de 10 chansons qui sont devenues notre quatrième album Haters Gonna Hate.

Pour Metropolis, par la force des choses et du hasard des calendriers, Elash a composé la grosse majorité de l’album. Mais on envisage de renouveler l’expérience de la création collective pour un prochain album.


Vous avez multiplié les collaborations avec des projets internationaux: BO de film, Roman, etc. Comment ces expériences ont-elles enrichi votre musique et votre vision artistique ?
Elash, toujours lui, est un vrai touche à tout qui fait du son, de la vidéo, des films hollywoodiens, et même des pizzas… Avoir de nouveaux projets évite de s’ennuyer, et ce sont toujours de nouveaux défis à relever. Stronger Than Life (BO du film Borrowed Time 3) n’est rien de plus qu’une chanson de commande. Il s’agissait de concevoir un titre pour figurer au générique de fin. La démarche n’était pas tellement différente que d’habitude, à savoir partir d’un style musical donné et d’un thème imposé. Mais il est vrai que la BO d’un roman, c’est différent. Habituellement nous écrivons d’abord la musique, les paroles viennent après. Ici il faut illustrer les textes, souvent très riches et complexes, en respectant une esthétique musicale en cohérence avec l’ambiance du livre et les chansons ou albums de Queen auxquels il fait référence. Ce n’est ni plus compliqué ni plus simple, c’est juste une autre méthode de travail. Et nous avons la chance que les textes de Craig soient extrêmement imagés et inspirants.


Comment percevez-vous l’évolution de vos sonorités depuis vos débuts en 2020 ?
La carrière de Queen s’étale sur 20 ans, avec vraiment deux couleurs bien distinctes entre les années 70 et les années 80. Nos premiers albums ressemblent plutôt à des best of… de chansons pas connues pour le coup, en allant piocher tantôt dans des références pop 80s, tantôt dans du rock prog des 70s. Avec notamment l’arrivée des autres musiciens du groupe, nos albums sont aujourd’hui plus cohérents, ont un son général bien à eux.

Nous avons aussi progressé dans nos techniques vocales et instrumentales. Nous avons probablement acquis un peu de maturité. Et nous n’avons pas peur d’expérimenter dans l’électro, ou la world…


Bientôt la tournée de  « Metropolis ». Sans en dire trop a quoi peut-on s’attendre sur scène ?
Notre musique est très produite et arrangée, et il faudrait 5 guitaristes et 3 choristes pour pouvoir reproduire nos albums sur scène à l’identique. Notre son est donc plus brut, mais comme l’était celui de Queen sur scène. Il y a une énergie plus rock, et nous cherchons à proposer un spectacle à la fois musical et visuel. Bon… Notre producteur n’était pas d’accord pour financer un écran géant de 2000m2, les flammes et les nains trapézistes unijambistes (peut-être parce qu’on n’a pas de producteur… Ceci explique cela), mais nous avons été élevés aux groupes de rock d’antan qui portaient des costumes excentriques et qui sautaient partout.
Nous partons pour une tournée de 7 dates au Canada en avril. Si on n’abuse pas trop de la poutine, on devrait pouvoir réussir à sauter partout et à rentrer dans nos costumes…