Deuxième volet de l’interview de TRISOMIE 21, où il est question de travail en studio, d’étonnement et de fratrie…
Studio ou live ?
Hervé : (direct) Studio ! On n’est pas vraiment pas un groupe de scène. On ne veut pas se valoriser. Notre but n’est pas d’être public. C’est la création qui nous intéresse. On aime néanmoins rencontrer notre public.
Une autre raison aussi, c’est qu’on a fait plusieurs concerts où ça ne s’est pas trop bien passé. Quand il y a un problème d’organisation, que tu demandes du matériel et que tu ne l’as pas… les gens ont pu dire « T’as vu, Trisomie 21, c’était pas terrible ». Alors qu’on n’y est pour rien. C’est ça qu’on n’aime pas dans ce côté scène. Il y a beaucoup de claviers, d’informatique, ça n’est pas toujours fiable…
Philippe : Il faut dire qu’on bricole aussi nos machines donc c’est un peu casse-gueule en live… En plus le live, on ne va pas forcément vers les autres. Quand tu te livres entièrement, tu n’as pas envie de le faire chaque soir… Sinon, ça s’appelle de la prostitution. On n’est pas à l’aise avec ça. Pourquoi on fait de la scène alors ? Parce qu’on est bien conscients qu’il faut aller vers le public, on est contents qu’il soit là et on est contents d’y être quand même.
Il y a une vraie attente du public, un public qui vous est fidèle…
Hervé : On s’en est aperçu assez récemment… Je suis venu à Paris il y a un mois et demi avec Greg (guitariste)… Les gens nous arrêtaient dans la rue pour discuter… Ça c’est récent. Ça nous surprend quand les concerts sont complets un mois et demi avant… Ça n’est jamais arrivé, ça nous surprend.
Hervé : On a joué à Bologne, Strasbourg, Saint-Etienne, Montpellier… Tous les concerts sont complets. C’est très plaisant. On se dit qu’on n’a pas bossé pour rien. Le public commence à comprendre qu’on a essayé de faire une œuvre, d’être dans une continuité des choses…
Hervé : Ce qui est étonnant, c’est qu’on a eu des gens de notre âge à Strasbourg alors qu’à Saint-Etienne, il y avait un jeune public, qui n’est pas notre public habituel… Ça s’est très bien passé. Tout le monde dansait et a fini sur la scène, c’était surprenant.
Philippe : J’ai déjà vu une gamine qui ne devait pas avoir plus de 8 ans !
Hervé : On sait qu’il y a un jeune public qui adore des titres comme « Breaking Down »(sorti sur le premier album « Le repos des enfants heureux », 1983), donc on est obligés de les jouer sur scène
Philippe : Ça fait trente ans qu’on le traîne ! (rires)
Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Hervé : Ça va aller vite : je n’écoute rien en ce moment. D’une part, parce qu’on vient de sortir l’album et qu’on est en tournée.
Philippe : Pour compléter, je dois t’avouer qu’on n’a jamais écouté de musique ! (rires)
Alechinsky : Mais vous êtes dans la musique rassurez-moi ?
Hervé : De temps en temps, ça nous arrive. On écoute la nôtre déjà et surtout, on essaie de la faire ! (rires).
Philippe : On en rigole mais c’est notre parti-pris artistique du départ. On a besoin d’une ligne et on s’y tient. Dès le départ, on s’est dit qu’on ne voulait pas écouter ce qui se faisait autour de nous parce qu’on n’a jamais voulu être happés par la musique des autres. On s’est toujours dit qu’on allait faire notre titre, qui sera sûrement nul parce qu’on ne sait pas jouer, mais ce sera le nôtre. On ne va pas commencer à reprendre Status Quo ou Johnny, ce que beaucoup de groupes font quand ils démarrent un instrument. Nous on fait notre truc et on s’y est tenus depuis toujours.
Hervé : Le dernier album (Elegance Never Dies), j’ai mis sept ans pour le faire. Je n’ai pas envie de me parasiter avec autre chose en même temps. On a également travaillé sur les masterings des anciens disques, ça nous a pris beaucoup de temps.
Philippe : On est un peu autistes ! (rires)
Est-ce facile de travailler ensemble lorsqu’on est frères ?
Hervé : C’est facile de travailler parce qu’on habite loin l’un de l’autre (rires). Les rôles entre nous sont bien définis : moi je fais les musiques très à l’avance, Philippe fait ses textes. On se voit très peu. On a fait très peu de séances de studio au cours des sept années qui séparent « Black Label » de « Elegance never dies ».
A suivre…
Alechinsky.