[Interview] Basic Partner – Post-punk intense et contrasté

Avec des contrastes post-punk, brumeux et électriques, Basic Partner impose un style singulier, mêlant mélancolie cinématographique et énergie brute. Ce quatuor nantais, nourri par l’univers de Lynch et la tension de groupes comme Shame, distille une musique où la rage des synthés côtoie des guitares incisives, créant un chaos aussi enivrant que captivant. Après leur premier excellent EP, « Insomnia’s Road » (2023), où ils exploraient déjà les tourments et les doutes de notre monde moderne, cette fois avec « New Decade » (2024) ils captent l’incertitude du futur avec une atmosphère pesante et répétitive, le tout accompagné d’un clip post-apocalyptique signé Quentin Lateral. Ce morceau illustre parfaitement la lutte entre fatalisme et espoir que le groupe aime développer. Basic Partner incarne une réflexion engagée sur notre époque, entre désillusion et notre besoin d’évasion. 

 

Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quelques mots l’origine de ce projet, de Basic Partner ? Comment est-il né ?
Sacha : Il est né de Clément et de moi. On avait un groupe ensemble qui s’est arrêté. On avait envie de continuer à faire de la musique ensemble, donc on a monté un autre projet. Ça a débuté aussi simplement que ça.

Clément : Ensuite, on a rencontré Anton, le batteur, parce qu’il jouait dans Mad Foxes et est très présent dans la scène locale Nantaise. Donc, voilà, on lui a proposé. Il était chaud. Enfin, on a proposé à Marius, qui est dans Megadisc et Clavicule de venir intégrer le projet. Et il était d’accord aussi.


Et comment définiriez-vous votre ADN musical qui vous fait vibrer ? 
Clément : C’est plutôt post-punk, pop et rock, de manière générale, mais avec aussi de l’électro. Je pense qu’on est tous les quatre très inspirés par beaucoup de choses, que ce soit de la folk, de la pop, du rap et de l’électro aussi.
Donc, on a beaucoup d’influence. Mais par contre, l’idée de base, c’était d’aller vers un truc plutôt garage. Et en fait, finalement, on est passé par le post-punk et de plus en plus, on va vers des machines, des synthés.
Pour que ça grouille un petit peu dans les oreilles.

On sent qu’il y a un engouement sur cette esthétique post-punk. Est-ce que pour vous, il y a quelque chose de passéiste quand on parle de post-punk ou au contraire, quelque chose de très actuel ?
Clément : Je pense qu’il y a eu toute la vague avec King Gizzard, Idles de 2010 jusqu’à 2022. Et en fait, on a l’impression que de plus en plus, ça se dirige vers un post-punk qui mélange plein de style pour devenir un peu plus actuel.
Après, post-punk, ça veut tout et rien dire. Mais que ce type de musique-là, en tout cas, prend une autre direction. Il est influencé par d’autres trucs maintenant qu’il y a 2-3 ans, ce n’était pas encore le cas.

Sacha : J’ai l’impression qu’il y a eu l’arrivée de l’électro et de la techno de plus en plus dans ce style de musique. Et c’est un peu via ces courants-là que ça a pris un autre trajet musical.

Psychotic Monks, eux ils ont mis les pieds dans le plat, mais qui sont arrivés avec aussi une recette de musique avec beaucoup d’électro, plein de trucs modulaires.

Clément : Quand tu vois des groupes emblématiques de ce milieu-là, Idles et Fontaine D.C., qui aujourd’hui, ont fait des albums beaucoup plus pop, ça annonce aussi une autre ère. En France, on a toujours un petit temps de latence par rapport à là-bas.

Sacha : Je pense qu’on se nourrit de plein de styles depuis pas mal de temps, on a dû entre-temps digérer tout ça et maintenant on fait du post-punk d’une autre façon.  

 

Le fait de jouer sur scène, de pouvoir défendre votre musique et vos idées face aux gens semble faire partie intégrante de votre style, votre énergie ?
Sacha : Très vite, je pense qu’avec Basic, on s’était dit qu’on voulait commencer par le live. Dès nos premières compos on a essayé de tracer à mort pour pouvoir faire des concerts au plus vite.
Et je pense que c’est ce qui nous a un peu tous chauffés et galvanisés dès le début. Au fur et à mesure du temps, on a trouvé d’autres trucs chouettes. Je sais que moi, je me suis plus épanoui en studio, dans la recherche de sons, de textures.
Mais en vrai, depuis le début, ce sont les lives qui nous font tripper.

Clément : Ouais, je crois que je fais de la musique avant tout pour le live. Le fait de le faire ensemble.
Le studio, c’est une autre approche, j’adore aussi, mais c’est vraiment une partie de travail de production importante, un truc presque introspectif. Là où le live tu as cette interaction avec le public, immédiate, et l’engagement physique sur scène. C’est un rapport complètement différent à la musique.
C’est trop chouette à vivre.

Aujourd’hui vous êtes aux Trans Musicales. C’est un check point important dans la carrière d’un groupe. Qu’est-ce que ça vous fait ? 
Clément : Ce qui est génial, c’est de se dire qu’il y a pas mal de groupes qu’on écoute qui sont passés par là. C’est ça qui me plait bien.
Et des groupes qu’on écoute encore maintenant, qui ont évolué depuis, mais qui ont été découverts à cet endroit-là.

Sacha : C’est excitant ! Et puis la scène du Liberté, dans laquelle on joue. On n’a jamais fait un truc aussi gros, donc c’est génial comme expérience à vivre pour nous. 
Mais tu vois, c’est aussi tout le folklore et l’effervescence qu’il y a autour des trans qui crée ce truc-là, d’excitation extrême.

Ça fait partie d’une sorte de mythologie du rock en France !
Sacha : Ouais, en vrai, il n’y a pas beaucoup de festivals qui durent depuis aussi longtemps. En plus, avec des groupes émergents et beaucoup de découvertes qui ont marqué les esprits… Ça reste mythique les Trans. 

Clément : Ca fait hyper chaud au cœur de se dire qu’ils ont cru en nous, en notre potentiel.

 

 

Photo de couv. MARINE BOUTEILLER