L’association On Lâche Rien Sauf Les Chiens fête ses 20 ans cette année. En organisant dans des lieux atypiques des concerts en format festival ou en « Sessions @home » ils marquent les esprits des spectateurs et des artistes par leurs générosités, leurs convivialités et une programmation toujours audacieuse. Cet anniversaire donne l’occasion d’une soirée à l’UBU le 31 mai, et pour moi, c’est une bonne occasion de discuter avec Anthony des origines et de l’avenir de OLRSLC.
Quelle est l’origine de la structure d’ On Lâche Rien Sauf Les Chiens ?
C’est une équipe du nord de Rennes : Liffré, Gosné, tous ces coins qui avaient monté à la base cette asso dans l’idée de faire une soirée de copains, plutôt musique, rock. Ensuite, ils en sont tous venus à faire des choses sur Rennes, notamment au Jardin Moderne. Et puis la vie a fait que tout le monde est un peu parti à droite à gauche, sauf le président fondateur, que nous avons rencontré à ce moment là dans le cadre du boulot, et nous avions évoqué cette asso, qui végétait un peu et on s’est dit « on y va, on continue ». Et on a migré au sud de Rennes, dans un manoir. C’était un peu la teuf de rentrée, puisque c’était en septembre. Avec l’envie de faire des soirées, des concerts, sans se prendre la tête. Et comme ça marchait bien, on a eu envie de faire ça dans les clous, entre autres quitter ce vieux manoir qui était bien pour les copains mais qui avait ces limites niveau accueil et sécurité…
En 2011, on a fait de l’itinérant, avec le soutien de la Communauté de Communes de Bain-de-Bretagne : l’idée était de bouger tous les ans de village en village. On l’a fait quelques années, et puis toute cette énergie qu’on mettait à chaque fois dans des nouveaux lieux, on a eu envie de la mettre dans autre chose. Donc, on a choisi de se poser à Poligné, car c’est là que résident plusieurs membres de l’asso, et puis aussi parce qu’on connaît un peu de monde là.
Et ensuite il y a eu les années Covid. Mais depuis 2015, nous avons les sessions@Home, qui sont des concerts chez l’habitant au départ, puis de fil en aiguille, ces sessions se sont produites un peu partout : dans des bars, un salon de coiffure, une péniche, une église, des lieux insolites.
Vous êtes une association. Mais comment fonctionnez-vous, au niveau de la programmation, du choix des artistes ? Que ce soit au niveau du festival ou de Atom ?
C’est moi le dictateur de la programmation (rires) ! ça fait des années que je me colle à la programmation ! Au début, avec Mika, qui était le premier président, nous avions beaucoup travaillé à deux, et puis il a quitté l’asso. Donc je me suis retrouvé à gérer ça, mais ce n’est pas du tout un fardeau : j’adore ça ! C’est un petit peu mon bébé ! Mais musicalement, j’essaie d’être le plus ouvert possible, il y a des choses que je n’écoute pas forcément. On aurait pu faire le choix, comme d’autres, d’avoir une esthétique musicale, mais c’est au fil de ce qu’on écoute. Et puis il y a le feeling avec des tourneurs, des boites de prod, en qui on a confiance : malgré nos petits moyens, on a de bons retours sur notre accueil. Chacun y trouve son compte.
Je suis bénévole : mon salaire c’est le retour du public.
Vous êtes combien dans l’asso ?
Il y a Hélène (NDLR : Hélène Rouault, secrétaire) et moi, les plus anciens, plus Matthieu (NDLR : Matthieu Bastide, trésorier) dans le bureau. Et le membre honorifique : Fifi (Philippe Besnard), le plus ancien : il était déjà là avant qu’on ne rejoigne Mika dans l’aventure !
Ensuite, on a une vingtaine de membres qui sont là régulièrement. On a bien essayé d’agrandir le bureau, mais ça n’a fait que compliquer les choses !
On est une petite structure, on fonctionne par commissions en fonction des compétences des uns et des autres, et ça le fait plutôt bien.
Vous fêtez vos 20 ans cette année : qu’est-ce que cela représente pour vous 20 ans ?
C’est énorme 20 ans ! Quand on fait le tour, il n’y a pas tant d’assos qui tiennent aussi longtemps ! Déjà, c’est très touchant de se dire qu’on l’a fait, dans un premier temps, c’est plutôt une fierté, d’autant plus qu’on n’est pas dans un format classique, avec des événements en milieu rural, ce qui est plus difficile à défendre qu’à Rennes. C’est une vraie bataille, un peu politique : la culture à la campagne !
C’est pour ça qu’on va fêter nos 20 ans à la ville : dire « venez nous voir à la campagne » !
Justement, quel est le programme pour ces 20 ans ?
Une soirée à l’Ubu, qui est une salle mythique qui nous convenait bien, tant au niveau de la jauge, qu’à la programmation des groupes. On a envie que ce soit chaleureux, donc c’est la salle idéale.Il y a une belle programmation avec les Tourangeaux de MEULE, les toulousain de BØL et un DJ Set originaire de Laval Lazer Arafat. On est hyper contents de pouvoir faire cette soirée, on a très très hâte d’y être !
En 20 ans, musicalement, humainement : quelle est ta plus belle rencontre ?
Oh, c’est hyper dur ! À une ou deux exceptions, tous sont devenus des potes.
Il y a notamment Guilhem Valayé : je partais avec un pote sur une soirée plutôt électro, on croise un autre ami qui me dit : « va à l’Artiste Assoiffé, il y a deux potes qui jouent, c’est vachement bien ce qu’ils font ». En deux morceaux, j’ai découvert Guilhem et son groupe de l’époque, et ça a été une grosse baffe ! Un charisme de ouf, une voix de dingue ! À la fin d’un morceau, j’ai fait ce qui ne se fait absolument pas : je suis allé lui demander son numéro. Il rejouait le lendemain rue Saint Michel au fond d’un troquet, on était 5 devant le concert, et ils ont fait le boulot. Du coup on les a fait venir dans le manoir ! Sauf qu’il avait gagné entre-temps le tremplin Zebrock avec son groupe, 3 Minutes Sur Mer, et il devait jouer à la fête de l’Huma le lendemain de notre soirée, mais ils sont quand même venus faire le concert. Super classe ! Du coup, dès qu’on peut, on les fait revenir. Il y a des artistes comme ça, où cela va au-delà de la simple date à caler.
C’est un exemple parmi d’autres. Je me souviens aussi du concert de Victor Solf en 2022, qui est quelqu’un de très lumineux avec un charisme de dingue, à Poligné, devant pas beaucoup de monde, mais les mecs ont tout donné, ils ont fait un concert hyper généreux !
Sinon, la venue de Cali. Augustin charnet qui à l’époque était pianiste de Cali jouait dans un groupe, Kid Wise, que je voulais absolument faire jouer, mais leur tourneur était hyper difficile, donc pendant 3 ans, ça ne s’est pas fait. Mais je savais qu’une grande partie des musiciens avaient une autre formation, After Marianne, que j’aime aussi beaucoup et qu’on a donc programmé sur le festival, j’ai alors contacté le tourneur pour lui dire que je voudrais bien avoir aussi Kid Wise le même soir et comme il était impossible qu’il joue ailleurs puisque la moitié du groupe jouait déjà pour nous il a accepter. Et avec Augustin il y a eu une vraie rencontre, on l’a fait revenir sur d’autres événements avec ces différents groupes et aussi avec son projet solo en lui proposant cette fois une carte blanche où il pourrait choisir les artistes qu’il voulait. Il propose Matilda le projet de sa compagne et puis il me dit qu’il va en parler à Bruno, moi je pensais qu’il parlait d’un ami musicien avec qui il jouait. Je lui dis donc sans réfléchir. Mais quelques jours plus tard il m’appelle et me dit c’est bon Cali et dispo il viendra. Pris de panique je comprends qu’il parlait de Bruno Cali, sauf que nous n’avions clairement pas le budget pour nous l’offrir Augustin me répond mais non t’inquiète j’ai fait son album, je suis son claviériste depuis un moment je le connais bien il vient avec grand plaisir.
Bref Cali, en effet est venu mais je pensais qu’il ferait juste le minimum, quatre ou cinq morceaux , ce qui était déjà très bien pour nous. Mais non, après Augustin et Mathilda, Cali a fait 1h15 de concert. Au bout de deux morceaux était en train de slammer avec le public dans l’église, c’était hyper généreux !
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Retranscription par AnMa Léraud