Il est parfois lassant de se dire qu’il y avait de meilleurs instants avant (avant la pandémie, avant la sagesse, avant les responsabilités pesantes, avant le poids des années). Nous qui hier encore jurions à qui voulait bien l’entendre que le meilleur restait à venir. Mais se le dire est déjà en soi-même un acte, un déclic pour braver le destin en cherchant autre chose que ce que nous propose le quotidien. Ça relance l’envie de se faire violence, de se secouer les us, d’ouvrir les yeux sur notre entourage et ainsi retrouver le goût des autres. On se dit alors qu’il est nécessaire de penser autrement, que de se raccorder à nos envies est le point médian qui ravivera nos folies, en renversant la machine routinière de la vie pour la rendre belle.
Voilà pour la digression qui me servira de préambule afin de vous présenter un de mes derniers coups de cœur, le combo Amour Tempête.
Entre pop romantique et folk brûlante, le quatuor originaire de Lille, Amour Tempête, nage avec brio dans les eaux mouvantes des langues (français, allemand et anglais). En six titres ils nous exhortent, dans un rythme chaloupant, à savourer les petites folies, brillantes et vivifiantes, de leur premier EP,” Seasons “. Rudement beau, rondement dansant, il s’impose rapidement comme un raccourci évident vers la douce liberté d’aimer. Les racines du plaisir sont partout, amour, amitié, fraternité, affinité, nouvelles fertilités des mots usés. Avec eux en bande sonore, aimer les vagues, l’apaisement, le tonnerre, les jours et les nuits, semble plus facile. C’est comme offrir un beau geste, celui qu’on attendait plus, dans l’altruiste plaisir du partage, c’est gagner contre l’envie parfois brûlante de se fermer aux autres. Merci pour cette balade, merci pour votre “Seasons”. Et puisque pour moi un like cœur ne suffisait pas, j’ai proposé quelques questions à cette belle tribu…
Pouvez-vous revenir brièvement sur l’origine de votre groupe ?
Au départ, on avait un duo folk avec Léo Rathier qui s’appelait “Call of the Trees“. La rencontre avec Yoann Bellefont (contrebassiste et claviériste) a amené une nouvelle énergie et des envies musicales différentes. Les instruments électriques (guitares, pédales, synthés…) ont fait leur apparition pendant des résidences de création. Peu à peu le projet a évolué, changé pour donner naissance à Amour Tempête avec notamment l’arrivée de Théo Lanau à la batterie et au chant.
Votre premier EP intitulé Seasons est disponible depuis quelques semaines maintenant. Quel a été l’élément déclencheur pour l’écriture de cet EP ?
Je crois bien que tout a débuté en mars 2020, à cette période où nous avons vécu pour la première fois de notre vie un “confinement”. C’était un moment très intense émotionnellement qui a laissé, malgré le climat anxiogène, beaucoup d’espace à la créativité et à la composition. C’est lors de ces premières semaines que sont nés les premiers fragments de textes et de mélodies de notre EP, comme une réponse à ce contexte si particulier.
Vos morceaux sont un mélange de jeunesse, d’amour, de confusion et de confiance… Pourquoi ces thèmes ?
Je crois que cette période nous a ramenés à faire le point sur nos vies, comme si ce monde mis entre parenthèses nous avait invité à une profonde introspection.
Je dirai que ce 1er EP est né de la nécessité de s’exprimer. C’est une sorte de voyage au cœur d’ émotions qui peuvent nous habiter de l’enfance à l’âge adulte. On y retrouve le thème de l’enfance, de la légèreté, de l’amitié, du désir et de ses pièges mais aussi d’autres thèmes comme le mensonge, la confiance bafouée, la folie. On s’est également autorisé à naviguer entre les langues (l’anglais, le français et l’allemand) comme une multiplicité de possibilités pour exprimer l’intime. Ma deuxième langue maternelle, l’allemand, apparaît notamment sur le titre “Sonnenstrahlen“.
En termes de styles, il y a des influences clairement pop folk, et même presque Funk par moment. Comment pourriez-vous définir vos sons ?
C’est toujours difficile de définir sa musique. Mais ce qui est sûr c’est que notre musique est baignée de nombreuses influences. On est tous les quatre intéressés et passionnés par des styles de musique très variés. On a pas envie de se cloisonner dans une esthétique alors que de nombreuses sonorités et ambiances nous font vibrer. Alors s’il faut tenter de la mettre dans une catégorie, on pourrait dire qu’on fait de la pop alternative, ou encore de la pop folk. Mais ce serait surement trop réducteur pour saisir notre musique car celle-ci invite aussi des riffs de guitare africaine, des groove rocks et parfois aussi des teintes plus jazzy, voire afrobeat…Ce qui fait notre fil conducteur, c’est notamment la voix et la guitare, qui sont quasiment toujours à l’origine de la composition. Sinon dans les groupes qui nous influencent, on peut citer Daughter, Yo La Tengo, Dirty Projectors, Tropical Fuck Storm ou encore Big Thief.
C’est en tout cas cette musique riche en reliefs et en surprises qu’on défend car c’est ce qui nous ressemble et nous rassemble tous les quatre, même si ce n’est pas toujours facile à revendiquer face à une industrie musicale qui aime mettre les artistes dans des cases.
Pour nous la musique c’est un processus en perpétuel mouvement qui nous offre une véritable liberté d’expression.
“Les copains” est un titre phare (tubesque) de cet EP. Pouvez-vous nous raconter l’histoire qui se cache derrière cette chanson ?
Pendant le confinement, l’amitié s’est révélée être pour nous quatre un point central de nos vies. La chanson « Les Copains » en est un témoignage : nostalgie des soirées entre amis, des discussions jusqu’au bout de la nuit, des jams musicales, des retrouvailles avec les gens qu’on aime… Une ode à l’amitié déployée sur des couplets qu’on a voulu pleins de tendresse et des refrains fédérateurs. Cette chanson nous tient beaucoup à cœur et c’est pourquoi nous avons également voulu l’accompagner d’un clip.
Vous avez réalisé un clip, lui aussi excellent. Comment et avec qui avez-vous imaginé cette mise en images ?
Merci beaucoup ! L’idée du clip est née après un concert en Picardie où nous avions dormi chez l’habitant. Petite réunion de travail dans le jardin de Béatrice et Denis. Magnifique vue sur les forêts. C’est un détail mais qui a sûrement joué sur notre créativité du moment. Nous nous mettons à discuter tous les quatre d’une chanson qui accompagnera la sortie de l’EP. On choisit la chanson « Les Copains » à l’unanimité, et l’idée de base du clip est venue de manière assez évidente: le karaoké. La réunion se finit, un storyboard en main. Anastasia Salomé que nous rencontrons peu après nous a aidé à écrire quasiment l’entièreté du scénario, séquence par séquence. Elle a ensuite confié la réalisation à la talentueuse Coraline Benetti accompagnée de la brillante Floriane Benetti à la décoration. Ces deux jours de tournage étaient vraiment hors du temps avec une équipe de technicien.nes vraiment fabuleuses et un personnage principal interprété par le charismatique Quentin Tavernier. On garde un merveilleux souvenir de ce tournage et surtout nous sommes vraiment ravi.e.s du résultat. On en profite d’ailleurs pour remercier Pictanovo et la Région Hauts de France qui nous ont soutenus sur ce projet.
Vous avez présenté Seasons en live lors de la release party chez vous à Lille. Comment le public a t -il accueilli vos chansons ?
C’était une magnifique soirée qu’on attendait avec impatience. Le public était au rendez-vous. On a eu de supers retours et tout de suite après une proposition de date à la Cave aux Poètes pour ouvrir la soirée de l’artiste de pop grecque Stella. On était ravi.e.s.
Nous avons également eu la chance d’avoir Richard Allen en première partie qui a su combler l’audience avec sa sublime folk, un clin d’œil aux origines de notre groupe.
Les prochains concerts de cet été :
• 10/06 « 11h11, Centre Culturel de Lesquin
• 10/06 Le Bouquet, Lille
• 25/06 Maison Folie Beaulieu w/ Attic Birds, Weekend Affair by Unkind Music
• 20/07 BB · La Guinguette du Cours St-So
• 22/07 Saint Bonnet Le Chastel, 63
• 26/07 Supernova Guinguette w/ Dawa Salfati, Tursac 24
• 28/07 Concert chez l’habitant, Bordeaux
Suivre Amour Tempête : https://www.facebook.com/amourtempete
Photo de couv. (c) Nicolas Djavanshir