[Interview] Alright Mela – “Tasamoh”

Alright Mela est une expression qui signifie “Tout va bien” à Malte (s’écrit “orrajt mela”), un pays à la culture métissée arabo-européenne, expression qui synthétise bien leur musique, et comme un mantra, exprime l’espoir d’un monde meilleur. Le trio s’est échappé par la Méditerranée et a puisé dans ses inspirations au gré des rencontres pour explorer de nouvelles contrées sonores entre Europe, Maghreb et Moyent-orient, et invite à fouler le dance floor au beau milieu d’une rose des vents orientés “Global Guinche“. Autour de textes forts sur des thématiques contemporaines (la migration, les guerres, la discrimination,…), leur musique invite à la réflexion mais également à la transe. Ancrés par des beats électroniques envoutants et des synthés oldies hallucinés, le oud et le guembri sonnent la révolte pour que les chansons d’Alright Mela donnent une irrésistible envie de danser le poing levé.  Un pari militant pour un groove pour tous ! 

 

 

Vous faites de la musique ensemble depuis 2021. Pouvez-vous revenir sur l’origine de Alright Mela ?
Ce projet est né à la fin de notre précédent groupe Markus & Shahzad, dans lequel Markus et moi collaborions déjà. Après le confinement, il devenait compliqué pour Shahzad Santoo de voyager. Nous avons alors souhaité créer un duo qui permettrait de collaborer avec d’autres chanteurs-euses de différents horizons. Nous avons joué un peu plus d’un an en duo et rapidement rencontrer Jaouad El Garouge sur la route. Nous nous sommes très vite mis au travail pour créer des morceaux ensemble et pouvoir tourner en trio rapidement.

Vous venez de sortir “Tasamoh” , votre nouvel EP. Quel a été le point déclencheur qui vous a lancés dans son écriture ?
Ce morceau a été créé dans la période duo du groupe dans l’esprit sono mondiale sur lequel nous avons tout de suite imaginé le proposer à un chanteur pour un feat. Nous avons même réalisé le clip lors de notre séjour au Pakistan en 2022 avec la danseuse activiste transgenre pakistanaise SoniaNaz. Nous souhaitions mettre cette femme à l’honneur. Quand nous l’avons rencontré, Jaouad a rapidement écrit un texte qui parle de tolérance au sens large et du respect de l’autre et de son intégrité.

Être en trio est un atout majeur pour mélanger les influences comme vous le faites ?
Le duo avait vraiment été créé dans l’esprit de pouvoir partager la musique avec un troisième membre. Le trio avec Jaouad El Garouge fonctionne très bien à la fois sur scène et en dehors. On s’entend bien musicalement et humainement. Jaouad nous ouvre la porte du Maghreb et du monde arabophone. Ça favorise de nouvelles rencontres comme celles avec le groupe libanais Tarabeat que nous avons rencontré récemment.

Comment s’est fait le processus d’enregistrement ?
Markus a un studio chez lui. C’est là qu’on travaille. L’élaboration des morceaux peut se faire de façon individuelle chacun chez soi, mais assez rapidement la deuxième phase implique tout le monde. Jaouad pose ses voix, son guembri, parfois quelques percus additionnelles que nous traitons. Markus pose son oud. Puis nous arrangeons le morceau ensemble soit en studio, soit par aller / retour de fichiers par messagerie.

Ça m’a frappé à quel point vous étiez engagés et pleins de dans vos chansons. Pensez-vous que ce côté du groupe échappe à certaines personnes ?
On a bien conscience qu’en France, seulement une petite partie du public va comprendre le sens des mots de Jaouad. Mais on prend le temps d’expliquer les sujets évoqués dans les chansons. Lors des concerts avec un public arabophone, on mesure complètement la force de son texte. Ça parle beaucoup aux gens que ce soit sur la surproduction, la discrimination ou sur les dommages collatéraux des guerres, les gens réagissent avec force.

Quelle était la chose la plus importante que vous vouliez transmettre avec ce disque ?
C’était avant tout le besoin d’affirmer notre identité de groupe en trio avec Jaouad El Garouge. Ensuite apporter un message de paix et d’essayer de garder un image positive des choses. On a remarqué en tournée que beaucoup d’associations militent pour des échanges en circuit court. Ça favorise un lien social local. Les grands de ce monde pourront toujours faire tourner la terre à l’envers, il y aura toujours des gens qui feront de belles choses dans leur coin pour faire en sorte d’améliorer la vie des gens.

Dans quelle mesure votre environnement personnel et artistique ont-ils une influence sur votre univers créatif ?
Nous sommes des gens avec un vie normale la plupart du temps et une partie de notre temps se passe en tournée où on fait beaucoup de rencontres, où on discute avec des gens d’horizons divers qui nous racontent leurs histoires, avec qui on écoute de la musique. Tout ça nous influence, le quotidien comme les rencontres et les voyages.

Dans le climat actuel, n’est-il pas difficile de trouver l’équilibre entre légèreté dansante et gravité fraternelle ?
Cette question résonne encore plus le jour où nous écrivons cette réponse. Notre fondement musical vient du mélange des cultures, de la rencontre, de l’ouverture d’esprit. Il nous faut continuer à marteler ces messages. Le côté dansant permet de capter l’intérêt d’un public qui pourra ensuite s’intéresser au sens des mots.

J’ai vu que vous aviez pas mal de dates cet été. Pour vous, le live, est-ce aussi une façon de transmettre des choses et une expérience humaine ?
Dans notre configuration, c’est même surtout là que ça se passe. Le live nous permet de rencontrer un public, d’échanger avec lui. C’est à la fois un moment unique pendant le concert car l’échange est bilatéral. Les réactions du public nous portent, nous poussent, nous transcendent. Et c’est également un moment de riches échanges après le concert

 

11/07 – Angers (49) Centre Culturel Jean Vilar

12/07 – Nantes (44) La Chaumière

19/07 – TBC Lautrec (82) Café Plum

20/07 – Lagrasse (11) Festival Les Abracadagrasses

23/07 – Angers (49) Tempo Rives Festival

31/07 – St Germain Laval (42) Le Cheval Blanc

01/08 – Aouste-sur-Sye (26) La Guinguette d’Aouste 

02/08 – Les Vans (07) Le Serre 

27/09 – Angers (49) Le Chabada