HERO.E.S – Vox Populi, des voix pour les luttes

Le collectif aquitain VOX POPULI signe avec HERO.E.S une œuvre plurielle, incarnée, et résolument contemporaine. Une fresque engagée où l’art est l’incarnation de la mémoire, de transmission et de rébellion douce et furieuse, pour croire encore au pouvoir de l’exemple.

C’est dans l’isolement du confinement, au printemps 2020, que le projet HERO.E.S prend forme. Une toile de Fred Kleinberg, représentant le boxeur légendaire Mohamed Ali, allume l’étincelle. De cette inspiration jaillit un premier morceau, « Ali », né à distance entre Laurent Kebous et Chloé Legrand, et les musiciens de Catfish. Tendu, nerveux, chargé de révolte et de rythmes foudroyants, il pose la première pierre d’un projet hors-norme : rendre hommage à celles et ceux qui ont changé le monde, à leur façon.

Peu à peu, ce qui était un hommage ponctuel devient un chantier collectif, une œuvre chorale portée par des artistes aussi divers que solidaires : musiciens, vidéastes, plasticiens, écrivains, conteurs… L’album se construit au fil des résidences, des rencontres, des élans. L’idée de faire dialoguer musique, art visuel, vidéo et parole prend vie. Un projet à la croisée des disciplines, des esthétiques, des générations.

Un panthéon vivant et vibrant

Le disque HERO.E.S rassemble douze chansons, douze figures, douze univers. Le fil rouge ? L’engagement, la rupture, la transmission. Du féminisme de Gisèle Halimi à la révolte écologique de Greta Thunberg, du pacifisme poétique de Charlie Chaplin à l’irrévérence de Cabu et Mano Solo, c’est une galerie de portraits en clair-obscur, mêlant grandeur publique et douleurs intimes.

Le morceau d’ouverture donne le ton : « À la mémoire de nos vaincus », en hommage à Joe Strummer, est un reggae incandescent, entre colère politique et tendresse punk. L’album est un manifeste humaniste, mais sans pathos. La voix de Laurent Kebous excelle à éviter l’hagiographie : ici, pas de panthéon figé, mais des êtres incarnés, blessés parfois, toujours en mouvement.

Mention spéciale à l’évocation de Frida Kahlo, dont le destin brisé et libre trouve un écho musical dans des arrangements vibrants de mélancolie mexicaine. Ou encore à celle de Rosa Parks, traitée non pas comme une icône figée, mais comme une femme debout, droite dans un bus comme dans l’Histoire.

 

Un tour du monde musical

L’esthétique sonore de HERO.E.S est à l’image de ses sujets : plurielle, métissée, habitée. Les guitares de Chloé Legrand forment la colonne vertébrale de l’album, tantôt rugissantes, tantôt caressantes. On y entend des cuivres chauds sur les morceaux reggae, des rythmiques chaloupées inspirées des musiques latines, des ballades rock empreintes de spleen.

L’album se distingue aussi par son casting généreux et éclaté. Danakil, Lidiop, Harrison Stafford (Groundation), Dead Chic, Almä Mango, Valjean, TAN2EM ou encore Les Hurlements d’Léo apportent chacun une couleur, une intensité, une énergie singulière. Un chœur de voix qui dit l’universalité des luttes et la richesse des combats.

Mais HERO.E.S ne s’arrête pas à l’album. Un spectacle mêlant musique live et mapping visuel est en préparation, tout comme une tournée dès janvier 2025. Des expositions dans l’espace public et des actions culturelles sont également prévues, notamment auprès des jeunes générations. L’objectif ? Transmettre, éveiller, faire réfléchir. Car chaque chanson devient aussi un outil pédagogique, un point de départ pour interroger l’héroïsme contemporain : qu’est-ce qu’un héros aujourd’hui ? Une lanceuse d’alerte ? Un artiste ? Un boxeur ? Une avocate ? Un adolescent qui dit non ?

 

Avec HERO.E.S, Vox Populi redonne du sens à l’art engagé. Ni prêcheur ni moralisateur, le collectif réussit à conjuguer mémoire et modernité, colère et beauté. Un projet dense, foisonnant, mais d’une grande cohérence. En ces temps de replis et de cynisme, HERO.E.S est une réponse vibrante et artistique à la question fondamentale : que reste-t-il à espérer ?

Il reste la transmission. L’art. Le courage. Il reste des voix qui se lèvent. Et tant qu’elles se lèveront, l’Histoire continuera à s’écrire en musique.