Avec The Manifesto, deuxième extrait du très attendu The Mountain, Gorillaz poursuit sa mue spirituelle. Après l’ironie politique de The Happy Dictator (feat. Sparks), ce nouveau titre s’enfonce dans des territoires plus intimes, explorant les cycles de la vie, la mort et la mémoire à travers un collage sonore d’une richesse culturelle remarquable.
Le morceau s’ouvre sur les cordes hypnotiques du sarod d’Amaan et Ayaan Ali Bangash, avant de laisser place au flow magnétique de Trueno, prodige argentin et figure montante du rap latino. En quelques vers à la sauces piquantes mystiques « Yo no sé qué va a pasar mañana… » il évoque la tension entre fatalité et illumination.
Puis surgit la voix posthume de Proof, légendaire MC de Detroit et compagnon de route du groupe depuis l’ère Demon Days. Tiré d’un freestyle d’archives, son couplet cru et désabusé agit comme une apparition. Là où Trueno invoque la lumière, Proof rappelle l’ombre. Cette rencontre improbable, presque métaphysique, confère au morceau une charge émotionnelle d’une intensité rare.
Musicalement, The Manifesto incarne à merveille la philosophie de The Mountain : une fusion de cultures et d’époques. Entre les fanfares de Jaipur, la flûte bansuri d’Ajay Prasanna et les chœurs orchestrés par Vijayaa Shanker, Gorillaz signe ici une production panoramique, traversée d’éclats électroniques et de basses organiques. Le résultat : une fresque sonore qui oscille entre transe et recueillement.
Russel Hobbs résume l’esprit du titre : « En poussière d’étoiles, nous sommes ici pour toujours et c’est long, très long. »
Une phrase qui pourrait servir de manifeste à Damon Albarn lui-même, toujours en quête d’un sens à travers le chaos.
Avec The Manifesto, Gorillaz prouve qu’il ne s’agit plus seulement d’un groupe virtuel, mais d’un projet vivant, en constante réincarnation. Une célébration de la vie dans tout ce qu’elle a de fragile, de spirituel et d’électrique.
Gorillaz – « The Mountain »
- The Mountain (feat. Dennis Hopper, Ajay Prasanna, Anoushka Shankar, Amaan Ali Bangash and Ayaan Ali Bangash)
- The Moon Cave (feat. Asha Puthli, Bobby Womack, Dave Jolicoeur, Jalen Ngonda and Black Thought)
- The Happy Dictator (feat. Sparks)
- The Hardest Thing (feat. Tony Allen)
- Orange County (feat. Bizarrap, Kara Jackson and Anoushka Shankar)
- The God of Lying (feat. IDLES)
- The Empty Dream Machine (feat. Black Thought, Johnny Marr and Anoushka Shankar)
- The Manifesto (feat. Trueno and Proof)
- The Plastic Guru (feat. Johnny Marr and Anoushka Shankar)
- Delirium (feat. Mark E. Smith)
- Damascus (feat. Omar Souleyman and Yasiin Bey)
- The Shadowy Light (feat. Asha Bhosle, Gruff Rhys, Ajay Prasanna, Amaan Ali Bangash and Ayaan Ali Bangash)
- Casablanca (feat. Paul Simonon and Johnny Marr)
- The Sweet Prince (feat. Ajay Prasanna, Johnny Marr and Anoushka Shankar)
- The Sad God (feat. Black Thought, Ajay Prasanna and Anoushka Shankar)
