GODZILLA 2, I AM THE LIZARD KING, I CAN DO ANYTHING!

“Papa, on va voir Godzilla? Papa, on va voir Godzilla?”
Comment résister à l’appel du lézard géant radioactif? Comment résister à un casting en béton armé? Et, surtout, comment résister aux demandes de son fiston quand ce dernier possède des notes validant une sortie ciné bien méritée?
Alors, soit.

Allons à l’essentiel et chassons le dragon! Le premier opus-datant de 2014- m’avait peu enthousiasmé. Trop formaté, trop calibré et possédant une distribution surprenante (le charismatique Bryan Cranston, Elisabeth Olsen, Ken Watanabe, la délicieuse Sally Hawkins et même Juliette Binoche… -qui avait dit “non” à Spielberg pour “Jurassic Park” mais, pour le coup, un grand “oui” pour une bestiole du même acabit…”Parce que, MOI, tu vois, je m’implique dans des VRAIS scénarios, des histoires où l’on souffre, où le corps est synonyme d’implication et de transcen-danse, où l’acting se situe à un niveau d’exigence proche d’un Casimir géant, tu comprends?”.) mais, hélas, peu impliquée. Cette relecture très actuelle d’une figure emblématique japonaise sentait bon le dépoussiérage à la mode (nous ne comptons plus les suites, reboot et autres spin-off qui pullulent sur nos écrans) sans contenir le petit grain cosmique qui fait toute la différence.Bref, rien de bien neuf sous les tropiques ni sous le ciel  d’Hiroshima, mon Amour.Et alors? Cette suite au pays des billets verts?Était-elle chargée de promesses?
Disons le tout net, cet épisode plus musclé ne vaut pas tripette mais possède assez d’éléments pour nous  satisfaire un tant soit peu.

En premier lieu, le casting.
L’épatante Millie Bobby Brown (issue de “Stranger Things” et sosie parfait de la Princesse Leïa) donne le change avec conviction à Vera Farmiga. Et la sublime Sally Hawkins fait coucou un petit instant afin d’assouvir mes plus vilains fantasmes de cinéphile.J’oubliais leurs compagnons d’infortune:
Charles Dance est toujours aussi insubmersible, Zhang Ziyi (tout, tout, tout, vous saurez tout sur Zhang Ziyi) est toujours aussi  choupinette et toute cette fine équipe semble plutôt heureuse de s’ébrouer dans cette pataugeoire friquée.Mais la honte est aux aguets.La honte.Celle qui tétanise les bons acteurs lorsque le directeur de casting t’offre un cadeau empoisonné. Et ici, le honte porte un nom: Kyle Chandler. 
Car le Kyle, on le voit bien dépassé par toute cette histoire de bestioles géantes, on le voit bien dévasté par l’entreprise, les fonds bleus et les commandos dignes de “G.I. JOE”, on le voit bien perdu sur les plateaux de tournage à la recherche d’un réalisateur, d’un café et, qui sait, d’un peu de compassion?Dépression? Investissement ectoplasmique? Attitude rock n’ roll? Punk?
Le Kyle, il est un peu tristoune, au fond…la faute à ses lignes de dialogues peu inspirées.Plus blanquette que Beckett.
Extrait:Mark Russell (joué par Kyle): “Je vais chercher ma fille!”Son interlocuteur: “Mais vous ne savez pas où elle se trouve!”Mark Russell (s’engouffrant dans un hélicoptère): “Il faut que j’y aille!”Apercevant un autre endroit… “Mais qu’est ce que c’est que ça?”S’extirpant de l’hélico et brassant du vent.Superbe figure héroïque mais stoïque.

Moment de solitude…

On attaque le gras. En deuxième lieu, les combats.Car, ne nous voilons pas la face, on y va un peu pour ça. Nous, les grands gamins, avides de briser des Hot-Weels sur la tronche des dinosaures et nostalgiques d’une période révolue ( va jeter une Hot-Weels sur ton voisin d’1 mêtre 80, tu verras, ce n’est pas le même feeling…), nous voulons des bastons atomiques et des buildings qui s’effondrent. De la casse et de la crasse. Et des rugissement à faire péter les enceintes des salles Dolby.
Car vibrer pour un monstre gentil, oui, c’est le Paradis.Et je vous parle d’un temps…
Car, avec le recul, ce “King of Monsters” rend hommage à une décennie bénie où les matchs de catch s’entrecoupaient de moments publicitaires, d’eskimos glacés, de réclames et de chansonniers. La télé en noir et blanc. Toute la Famille devant.
On attend longtemps avant le saut de l’Ange mais quand il survient, c’est plutôt bonnard.Et rigolard.
Au final?
Un blockbuster généreux mais creux, correctement réalisé mais désincarné, furieux mais pompeux. Familial mais léthal.
C’est déjà pas si mal.

“Papa, Ghidorah, c’est un peu le shériff de Nothingham et Godzilla Robin des Bois, non?”
Mon fiston vient d’expliquer en une ligne ce que les scénaristes de la Warner ont pondu en deux heures.Cherchez l’erreur!