“Future Past” de Duran Duran. La machine à explorer le temps

“Mister Bond, votre mission, si vous l’acceptez…” 


J’ai toujours préféré “A-ha” à “Duran Duran”. Plus romantiques. Moins tape à l’œil. L’Eternel choix entre deux groupes majeurs. T’en es ou t’en es pas ? Beatles ou Rolling Stones ? Rangeons les Norvégiens du côté de Liverpool et laissons Duran Duran avec le Gang de Mick.  Même pose pédante. Même attirance pour les fringues affriolantes et les shows démesurés. Grandiloquence dans l’attitude.  Ma copine punk du lycée ne jurait que par eux. “Rio”, “The Reflex”… Machines à sexe.

Problème. Deux powerband(ent) pour un même espion au service de sa majesté… à quelques années d’intervalle ? Impossible. Ce n’est qu’en 2007, bien loin des singles “Notorious” ou “Ordinary World”, que je me mis à me pencher un peu plus sérieusement sur le cas de ces jeunes gens modernes, avec leur « Red Carpet Massacre ». 

Redoutable jukebox à la sauce RNB, ce 12ème opus signait un retour en force des cinq de Birmingham et prouvait instantanément leur contemporanéité. Taillé pour le dancefloor et doté d’une approche aventureuse digne de Bowie, cet album (d)étonnait. Production impeccable via Justin Timberlake et son mentor, singles à la chaine, compositions d’une efficacité bulldozer, ce remake de “FutureSex/LoveSounds  s’apparentait à “Confessions on a Dancefloor” de Madonna. Ou à du Ariana Grande sous influence Roxy Music. Mais la critique et les ventes furent décevantes. 

So 2007?

A la trappe, les rosbeef.  

D’autres artistes prirent une place plus prépondérante dans ma mini-chaîne (adieu Disc man !) et quatorze ans s’écoulèrent…  

A la faveur de recherches musicales liées à mon travail, je tombe sur une nouvelle galette à la pochette intrigante. Point de groupe photographié au pied d’une vallée siliconée. Point de titre tapageur et étincelant. Seules deux silhouettes se fondant en une seule sur une plage technicolor et anonyme. Anti-marketing au possible, cet érotisme saturé ne vend rien si ce n’est une part de mystère à écouter séance tenante.  

Mark Ronson (producteur d’Adèle & d’Amy Winehouse, entre autres…), Giorgio Moroder (pygmalion de Donna Summer, entre autres,) et Erol Alkan (producteur, DJ multi primé et remixeur inspiré sur “A Bugged Out Mix”, entre autres…) sont entre hôtes pour soutenir le navire.  

Aurions-nous un nouvel O.M.N.I. populaire dans les bac(k)s? La relève inespérée des Daft Punk sous forme d’hommage rétrofuturiste ? Ou la réponse canaille de sexagénaires aux baby-boomers de ce nouveau siècle ? Exit les voix trafiquées trop évidentes et influentes. Exit le revival 80’s sur le déclin.

On déroule le tapis rouge. Festival de Can-ailles:

Graham Coxon, Tove Lo, Ivorian Doll, Chai et Mike Garson. 

Audace et liberté.

Bienvenue chez BMG.

 

  

Nom de Nom !  

A l’écoute de ce dernier coup d’éclat, me voici à bord d’une machine rutilante prompte à explorer le passé. “Future Past” est une madeleine à strass.  Un road trip orgasmique. Back & back & back. Mes cheveux repoussent, mes problèmes de santé semblent inexistants. Je suis en pleine croissance. Au pied du sapin j’arrache, avec frénésie, ce papier verdoyant-barrière ultime entre le cadeau et moi. Je pose le présent sur ma platine et deviens fan instantanément. Ce mélange inouï me donne le tournis. J’ai 50 ans. J’ai 15 ans. C’est l’époque des coupes mulet, des baskets aux languettes apparentes, des montres CASIO et des téléphones aux combinés démesurés. Ces Wild Boys secouent l’adolescent imprudent qui couvait en moi et j’en redemande.

Les titres s’emboitent, la sueur perle sur mon front et mon parquet en prend un coup.

“Invisible”, “Give it all up”, “Tonight United”, “Hammerhead”…

Ce n’est plus un CD, c’est un SCUD britannique.

Une épopée Poppy.

Roger Taylor, John Taylor, Nick Rhodes et Simon Le Bon sont des chevaliers flamboyants, allergiques à l’emprise du temps. Le Graal est leur boisson énergisante. Le club des ringards ? Abonnés absents. L’âge de leurs artères ? Inconnu. 

“Future Past” est une drogue dure. Une collection de chansons imparables qui vous soulève dans un seul souffle. 

Aucun poids mort. Aucune faute de goût. 

La DeLorean annonce mon retour dans notre décennie et, entre deux tops flashy, je n’y vois que du feu. 

Si, tout comme moi, vous jetez un coup d’œil dans le “rétro” sans être trop passéiste, réjouissez-vous !

“Future Past” auditionne pour le meilleur album du groupe et de l’Année.

Et s’annonce comme le cadeau idéal en cette période de Fêtes.

Duran Duran?

Du rab’, du rab’! 

John Book.