Folk rock in the Barn de Neil Young & Crazy Horse

Il y a deux écoutes chez Neil Young celle de “Harvest” (1972) a la folk virevoltante et “Zuma” (1975) au rock rageur, respectivement la lumière et l’ombre. Impossible d’aimer l’un sans l’autre et rare d’entendre l’un et l’autre dans un même album… Avec “Barn” son 41eme LP et le 14eme avec Crazy Horse, il retrouve l’équilibre parfait à son meilleur niveau en chevauchant les deux approches qu’il avait déjà touchées avec “Freedom” (1989 ). Le « Canerican » (jeu de mots sur sa double citoyenneté américano-canadienne) décide de se placer volontairement à la frontière des deux sonorités, créant ainsi un opus aérien reconnaissable.

Co-produit par Niko Bolas, qui a déjà enregistrer des nombreux albums de Neil et rejoint par ses compères musicaux de longue date du Crazy Horse ( Billy Talbot, Nils Lofgren et Ralph Molina ). Avec “Barn” le groupe revient à ses heures de gloire pour un LP aussi familier que réussi. 

Sur des morceaux comme “Heading West” richement poussiéreux et le point culminant de l’opus avec les huit minutes de “Welcome Back“, il réussit à garder coté instinctif, fougueux et vif. Et puis l’excellent “Human Race” qui à lui seul concentre l’intensité sonore d’un hymne arguant notre génération des conséquences qu’elle impose au monde, tel un chant funèbre qui monte, en martelant des accords puissants.
Today’s people, From the flames and the waves, Today’s people have left behind

Alors que les hits les plus autobiographiques “Old Man” et les plus tendres “Harvest Moon” de Neil Young offrent un niveau de poésie mystérieuse, une grande partie de son univers folk typique est ici associée à un phrasé plus direct. L’acoustique de “Song of the Seasons” montre l’aspect mélancolique poétique, entre accordéon et harmonica, en chantant avec douceur.
Looking through a wavy glass window, In this old place by the lake, In the colors of the falling leaves, I see nature makes no mistake” 

L’amour est aussi au rendez-vous dans cet opus avec cette lettre ouverte musicale, vibrante “Shape of You“, destinée à sa femme, Daryl Hannah (l’actrice inoubliable de Splash, Blade Runner, Kill Bill… ) qui a réalisé le film documentaire qui accompagne l’album.

À 76 ans, Young fait toujours des albums aussi pertinents et vibrants. Même si “barn” ne réussira pas à détrôner ses précédents opus dans l’histoire du rock il marque néanmoins les auditeurs, fans de la première heure ou non, avec tout ce que l’on pouvait attendent de Neil Young, pas de révolution mais une continuité remarquable. La fin de carrière n’est pas pour demain espérons-le … 

Neil Young & Crazy Horse “Barn” – Reprise – 10/12/2021

Stef’Arzak