Le confinement impose une certaine forme de silence propice à l’introspection ! Filip Chrétien, lui, en profite pour composer. Il nous expose une nouvelle déambulation doucement mélancolique intitulée “Avant que la nuit tombe”.
Le musicien nous parle de rendez-vous programmé et de rencontres faussement fortuites, marqueurs de nos manques qui s’imposent à nous comme des évidences, cloisonnés dans nos mètres carrés à tourner en rond.
La tonalité du précédent titre “Avant de quitter la terre” où régnait un climat pop enjoué ! Ici s’avance vers des compositions qui semblent de prime abord plus directes. Et surtout, on sent une propension d’évoluer tout en gardant la finesse esthétique qui habille chacune de ses chansons depuis des années.
Accompagné de son ami de toujours Olivier Loas et de sa femme Dominique qui complète ici les chœurs, pour une touche féminine qui ajoute la sensualité à cette tension émue que le musicien évoque avec une sincérité qui lui ressemble tant. Sans chercher la comparaison, de sa voix sobre, retenue, à la façon d’un Nilda Fernández, avec un léger timbre lumineux à la Étienne Daho, il développe une mélodie qui révèle un vrai potentiel en évitant l’emphase, pour favoriser une atmosphère plus aérienne. Une volonté évidente de lâcher-prise éclate.
Gautier&leduc qui réalise le clip, utile à bon escient, l’intime comme fil conducteur, grâce à des images de son propre univers intérieur. L’accord harmonieux avec le titre est bluffant d’honnêteté. A croire que l’image et le son étaient faits pour vivre ensemble !
Nous pouvons y lire la promesse tenue et le désir jamais échu. Le questionnement reste toujours présent lorsque l’on parle de sentiment. Les années passent, forgées par l’idée même que l’on se fait du couple, chacun dans son propre souhait en trait d’union.
Structures élémentaires qui va bien au-delà du principe de plaisir. Savourer le moment de se retrouver. C’est là, à la lumière de ces concepts freudiens, qu’il faudrait se relier au présent, “Avant que la nuit tombe”.
Stef’Arzak