Eté 2025, révisons nos classiques! « La course à l’échalote » de Claude Zidi.

Trois millions d’entrées au compteur en cette rentrée 1975 et un deuxième carton total pour le trio Zidi-Richard-Birkin ! « La course à l’échalote » mise donc sur le succès précédent de « La moutarde me monte au nez », prend les mêmes, recommence, et emporte tout sur son passage. Qu’est-ce qui distingue cette comédie d’aventures des autres productions Fechner de l’époque (La série des « Charlots » ou « Je sais rien mais je dirai tout », entre autres…) ?  La volonté de Claude Zidi d’offrir à son public une production gonflée digne des comédies hollywoodiennes d’antan. Ses références ? Laurel et Hardy et, surtout, Buster Keaton (dont notre distrait national pourrait revendiquer la filiation spirituelle dans l’hexagone). Pour la photographie, Zidi voit, donc, grand et en scope. Il s’offre les services d’Henri Decaë ( « Ascenseur pour l’échafaud », « Les 400 Coups » ou  » Le Samouraï ») et nourrit sa réalisation de nombreux travellings et d’un montage énergique. Le scénario est des plus basiques, certes, mais riche en effets burlesques. Chutes, cascades, dérapages, corps qui s’entrechoquent, le parfait B.A. BA du gaffeur patenté est appliqué jusqu’à la lie. De surcroit, « La course à l’échalotte » ne sombre jamais dans la vulgarité (plaie des comédies actuelles) tout en se permettant de nombreux « à-côtés » moraux (l’amour en plein air, la libération sexuelle, le mélange des genres, l’hédonisme face à la rigueur économique). Enfin, la distribution classique mais d’une efficacité tout terrain nous offre de délicieux moments de dialogues et de non-sens. Il faut voir le Grand Blond s’escrimer à se débarrasser de chiottes bien encombrantes face à des flics curieux ou le tempérament volcanique de Lady Jane face à son compagnon jaloux. Après un préambule d’exposition un tantinet timoré, le long-métrage ne se pose que rarement dans cette quête effrénée et les gags visuels s’y insèrent sans forceps. Gloire à Pierrot Lunaire Richard qui (à l’instar de Jack Lemmon dans « La Garçonnière) possède un sens du « timing » sidérant dans cette entreprise de démolition, sans que son travail ne soit perceptible à l’écran.

Oui. Il y a du Billy Wilder dans la manière dont Claude Zidi compose ses cadres et la scène du train partant vers Brighton évoque évidemment celle, toute aussi farfelue, de « Certains l’aiment chaud », dans ses travestissements et sa folie douce. Je pensais passer un « bon moment » ce cinéma et me voici face à véritable travail d’orfèvres. Nous ferons, donc, l’impasse sur les nombreuses incohérences qui pullulent lors de la représentation théâtrale finale pour mieux nous attarder sur la scène de « la baignoire », grand moment surréaliste et périlleux. Film « sur le fil », équilibriste et équilibré, « La course à l’échalote » est à redécouvrir de toute urgence car il démontre encore, avec panache, une ambition typiquement américaine drapée d’un humour franchouillard.

Ou serait-ce l’inverse ?

A vous de juger.

John Book.