[Clip] Degermann – “Corps idéal”

Troisième éclat de son album à paraître Hier sera doux, le nouveau single de Degermann, « Corps idéal », s’ouvre comme une caresse lente. À partir des mots brûlants de Paul Éluard, extraits de Derniers poèmes d’amour, il compose une rêverie où la chair, le fantasme et la mémoire se confondent. Comment résister à cette langue incandescente, transfigurée par la musique ?

Cette progression instrumentale imaginée avec son complice Simon Blévis dessine la trajectoire même du désir : de l’éveil au feu, de la promesse à l’abandon. Degermann, grand admirateur des flamboyantes adaptations d’Aragon par Léo Ferré, trouve ici son propre équilibre entre ferveur poétique et pop sensuelle.

Et l’image vient redoubler le son. Le clip convoque le langage du corps, avec le danseur Julien Gaillac guidé par la chorégraphe Eva Assayas. Ses gestes esquissent un corps en éclats, un “double fantasmé” du chanteur. La caméra, baignée d’une lumière fin d’été, capte une danse fragmentée, oscillant entre étreinte rêvée et absence insaisissable. Le tout baigne dans une esthétique délicieusement 80s, qui donne à l’ensemble une patine de nostalgie décalée.

On pense à Sébastien Tellier pour l’élan pop synthétique, à Daho ou Burgalat pour le raffinement mélodique, mais aussi à la fragilité lumineuse d’un Mac DeMarco ou d’un Kevin Morby. Degermann, ce “grand doux” venu du théâtre, continue de tisser une identité où la chanson française s’aventure dans des territoires sensibles et modernes, entre folk-rock et sensualité électronique.

Alors, qu’est-ce qu’un corps idéal ? Est-ce une silhouette rêvée, un souvenir de peau, ou simplement la vibration qui traverse celui qui écoute ? La chanson ne tranche pas : elle ouvre, elle appelle, elle invite.

Un poème chanté.
Un désir mis en musique.
Une danse comme miroir.

Fermez les yeux, laissez monter la vague, et expérimentez par vous-même l’étreinte de ce Corps idéal.