Amoureux du bizarre élégant et du sarcasme mélodique, réjouissez-vous : Sparks, les inclassables aristocrates du pop-rock déjanté, sont de retour. Et ils n’ont pas perdu un gramme de leur folie légendaire. Leur nouvel opus, judicieusement intitulé MAD! (avec un point d’exclamation), est une nouvelle preuve que le génie vieillit bien, surtout quand il a toujours refusé de grandir.
Sparks, ce sont deux frères, qui pourraient sortir d’un film de Wes Anderson avant l’heure, Ron Mael, moustachu taciturne au regard hypnotique et au piano vengeur, et Russell Mael, chanteur falsetto à l’énergie féline, sorte de croisement entre un opéra baroque et un lutin surexcité shooté à la créativité. Nés à Los Angeles mais adoptés très tôt par l’Europe, les Sparks ont traversé cinq décennies de musique sans jamais se fondre dans le paysage, préférant y dessiner leurs propres manèges à sensations, montagnes russes, miroirs déformants et sucrerie New Wave piquante, Synthpop savoureuse.
De la pop glam des années 70 « This Town Ain’t Big Enough for Both of Us », à l’électro prophétique de « No.1 in Heaven » (produit par Giorgio Moroder, excusez du peu), jusqu’à l’opéra rock en collaboration avec Franz Ferdinand, Sparks a toujours joué la carte de la surprise… tout en refusant de se coucher sur le tapis trop rouge des modes passagères.
Comment ne pas vouloir tourner en ridicule notre époque ! Mais attention, faut-il encore savoir le faire avec panache. Avec MAD!, Sparks ne change pas la recette du cocktail qui a fait leur succès, la formule est la même, il affine juste le niveau d’ivresse. Oui, derrière ce titre, avec un point d’exclamation, se cache une claque arty aussi excentrique que pertinente. On y parle de l’absurdité de notre époque, de ces influenceurs qui se prennent pour des philosophes, de ces passionnés de marques bling-bling, de cette société narcissique qui cultive l’amour de leur image numérique…
Tout cela est mis en musique avec un raffinement orchestralo-électronique digne de Broadway sous acide : cuivres flamboyants, cordes dramatiques, synthés bavards et refrains impossibles à fredonner sous la douche sans passer pour un fou. En d’autres termes, du Sparks pur jus.
Les Sparks prennent la route. Entre Tokyo, Manchester et surtout Paris, le 30 juin à la Salle Pleyel, (amis de la capitale sortez vos plus belles cravates et vos chemises à paillettes), le duo prêchera la folie douce sur tous les continents. Qu’on se le dise !!! S’il n’existait pas l’univers Sparksienne, le monde serait bien triste.
MAD! C’est un miroir déformant comme ceux des fêtes foraines : féerique, hilarant, cruel et profondément humain. Sparks c’est un genre en soi, une œuvre d’art mouvante, avec des punchlines folles.
Photo de couv. MUNACHI-OSEGBU