[Chronique] Sombr – « I Barely Know Her »

Propulsé en un an du statut d’artiste émergent à celui de phénomène pop, Sombr aka Shane Michael Boose, 20 ans, dévoile avec « I Barely Know Her » un premier album qui ressemble à une véritable carte de visite artistique. Signé chez Warner depuis 2023, le jeune musicien a écrit et produit presque tous les titres lui-même, un choix rare à ce niveau de notoriété et révélateur d’une ambition réelle.

Composé de 10 morceaux, seulement, le disque frappe par son efficacité et son éclectisme. On y croise une pop disco glam brillante sur l’irrésistible « 12 to 12 », des atmosphères plus sombres avec « Back to Friends », des éclats indie rappelant Foster the People ou les Strokes, et même des ballades dramatiques évoquant Olivia Rodrigo. Sombr navigue entre ses influences avec une facilité bluffante, porté par une voix captivante et hautement émotionnelle.

L’ensemble souffre toutefois d’une réverbération omniprésente qui brouille parfois la clarté de son interprétation, au point d’étouffer ses intentions les plus délicates. Une esthétique pseudo-vintage devenue un cliché, et que Sombr n’a pas encore réussi à apprivoiser pleinement.

Même si et en dépit de ces hésitations stylistiques, I Barely Know Her reste un premier album solide, ambitieux, et surtout terriblement addictif. On y entend un jeune artiste qui travaille encore à définir pleinement son empreinte, mais qui possède déjà une écriture instinctive, un sens aigu de la mélodie, et une capacité à insuffler de la passion même dans les compositions les plus simples d’apparence.

Sombr n’a peut-être pas encore trouvé son style définitif, mais ce qu’il montre ici suffit à faire naître de très hautes attentes pour la suite. Si son prochain disque parvient à se débarrasser de ses excès de vernis, nul doute qu’il pourrait rapidement devenir l’une des voix incontournables de la pop contemporaine.

En attendant, il est indéniable que « I Barely Know Her » est un premier album vibrant, plein de promesses et déjà franchement irrésistible.

 

Photo de couv. ©WEA