[Chronique] Mac DeMarco – « Guitar »

Une maison en cordes et en brumes.Avec Guitar, Mac DeMarco choisit de lever le voile sur une intimité sonore façonnée dans la solitude d’un salon de Los Angeles. Pas de grands studios, juste un homme, son instrument, quelques micros, et cette obstination douce qui le pousse à tout faire lui-même, du mixage aux pochettes bricolées. C’est un disque qui respire l’artisanat, mais surtout la vérité.

L’album s’articule autour de textures simples mais évocatrices : cordes cristallines qui caressent, rythmes feutrés qui avancent sans presser, énergies suspendues entre mélancolie et apaisement.

On entend l’écho des influences familières : le folk introspectif d’un Nick Drake, l’expérimentation domestique façon Paul McCartney période McCartney I, ou encore la désinvolture feutrée des pionniers lo-fi. Mais derrière ces filiations, Mac trace sa route, privilégiant la sincérité du geste à la perfection technique.

Là où Five Easy Hot Dogs explorait les paysages instrumentaux en roadtrip sonore, Guitar se recentre : pas de fuite vers l’extérieur, mais une plongée dans le cœur, dans le présent, dans la maison intérieure. Et l’on se surprend à percevoir la guitare comme une boussole, indiquant toujours la direction du ressenti brut.Est-ce un disque mélancolique ? Oui, mais pas seulement. C’est aussi un carnet ouvert, un miroir où chacun peut retrouver ses propres ombres et ses propres éclaircies.

À vous d’entrer dans Guitar, de pousser cette porte en bois grinçant, d’écouter résonner les cordes dans les pièces nues. Car Mac DeMarco nous livre non seulement un bel album, plein de délicatesse, mais aussi un album à écouter à l’infini.