[Chronique] Lucie Sue – « BATTLESTATION »

Avec « Battlestation », son deuxième album, Lucie Sue, transforme sa rage de rockeuse en bunker créatif avec treize explosions de grunge, metal et hard rock imparables.

Directrice artistique le jour, rockeuse la nuit, en vraie Wonder Woman, Lucie Sue incarne la renaissance d’un heavy rock qui s’exprime avec force, vigueur et beaucoup de fureur. Formée au violoncelle, nourrie de MTV et de métal, longtemps éloignée des scènes par une décennie de silence contraint, elle revient en 2023 avec un premier album remarqué « To Sing in French » (2023). Dans cette belle lancée, elle sort cette année son deuxième coup de massue « Battlestation« .

Ce qui frappe d’abord, c’est la rage organique de ce disque, assenant uppercut sur uppercut dans le ventre mou de ceux qui croyaient qu’elle resterait sage. Un séisme mélodique en treize déflagrations sonores, sans compromis comme autant de morsures dans la chair du réel. Elle l’aura confectionné dans son home studio (son salon transformé pour l’occasion en centre névralgique), où riffs acérés et mélodies rugueuses se croisent dans une tension presque animale. Lucie Sue y trace seule les fondations (texte, musique, instruments) avant d’affûter chaque détail avec son frère Baptiste. Et le résultat est bluffant, réunissant la force intime et la révolte explosive en quête d’échos universels.

Un disque qui parle de reconquête. Reconquête d’elle-même, de sa liberté, de sa passion, de son désir irrépressible de chauffer la scène. Avec les titres  » Burn Your Candles  » brûlant du feu de l’urgence,  » The Famous Last Words  » résonnant comme une élégie déchirée, et  » I Will Shit Where You Sleep  » explosif d’une rage viscérale, brutale, et irrésistible. Puis il y a ce moment de grâce déjantée avec  » Ride the Wired Wild Tiger « , où Satchel de Steel Panther surgit en invité volcanique, catapultant le disque dans une autre dimension.

Lucie Sue déclare une guerre féroce à la soumission… C’est l’histoire d’une flamme qu’aucun carcan n’a réussi à étouffer. Le violoncelle de son enfance n’a pas éteint le cri électrique de ses nuits, et si la vie l’a mise en pause une décennie, le divorce, la maternité et le chaos l’ont finalement propulsée vers ce qu’elle devait être : une rockeuse totale, entière, sans filtre. Sa présence scénique animale et son authenticité n’en sont que plus remarquables.

Un excellent retour aux affaires avec l’ambition claire d’embraser les scènes des 4 coins du pays. Une signature repérée par Richard Gamba (ex-manager de Gojira) et un tremplin jusqu’à la Mainstage 1 du Hellfest 2025 n’en sont que la suite logique.

Alors oui, « Battlestation«  est brut, sauvage, à fleur de peau, parfois rugueux comme une cicatrice, mais c’est précisément là sa force : un disque qui intrigue, qui captive, qui fait vibrer, et danser, dans une liberté absolue. La poésie, la douleur à la beauté du style en tatouage.

 

 

 

Photo de couv. XAVIER DUCOMMUN