[Chronique] Florence and the Machine: « Everybody scream ». Les sorcières de Salem.

La forêt semblait l’avaler. Ronces, branches tortueuses et talus touffus, toute la végétation s’employait à rendre le chemin de Florence plus ardu. Plus difficile. Mais, en cette nuit de Sabbat, sa détermination n’en était que plus grande. Ses jambes nues, écorchées, ignoraient les rigoles sanguinolentes qui dévalaient jusqu’à ses chevilles. Son souffle se faisait plus rare, sa capacité respiratoire amoindrie par l’humidité prégnante qui régnait dans ces bois. La Nuit n’en finissait pas de l’éprouver. Puis, au détour d’un sentier, la lumière. Diffuse. Cachée. Feu de joie timide défiant l’obscurité. Soudain, Florence se raidit. L’heure est venue de célébrer cette nouvelle lune à l’abri des regards indiscrets. D’un geste mécanique, elle dégrafe, un à un, les boutons de sa robe. S’accroupit lentement, la mousse se conjuguant à ses genoux puis à son sexe. Louve en quête de meute, elle hume profondément l’odeur de combustion environnante et rampe vers son point de chute. Ses Sœurs l’y attendent. Innombrables masses étoilées priant et se pressant, en cercle concentrique, autour de cet âtre improvisé. Sont-elles des centaines ? Dans un silence perturbé çà et là par le crépitement des flammes, Florence se redresse puis exulte. Isabella est là. Cris. Danses. Chants. Râle guttural, perte de repères et amour symbiotique. L’assemblée se donne toute entière à l’instant et couronne leurs Reines. Le feu est doux. Le feu est bon.
 
– « Alors, mon chéri ? Qu’est-ce qu’il donne, le dernier « Florence and the Machine ? »
– « Je n’ai pas de mots… »
 
John Book.