Entre ombre et lumière, le chant d’un renouveau. Il y a dans la voix de Billie Marten ce grain de fragilité qui, loin de faiblir, enveloppe l’oreille comme un murmure nécessaire. Depuis ses débuts précoces, la songwriteuse britannique cultive une délicatesse rare, tissant des folk songs introspectives où chaque mot semble pesé, chaque silence chéri. Avec Dog Eared, son cinquième album, elle franchit un cap non pas en rompant avec le passé, mais en ouvrant plus grand encore les fenêtres de son monde intérieur.
Enregistré à l’été 2024 à Sugar Mountain, antre new-yorkais du producteur Phil Weinrobe (Adrianne Lenker, Buck Meek…), Dog Eared s’inscrit dans une tradition folk transatlantique, mais avec cette touche artisanale et libre qui fait la marque des grands disques. Autour de Billie, une constellation d’âmes sensibles : Núria Graham, Shahzad Ismaily, Sam Evian, Maia Friedman, Sam Amidon… Autant de musiciens au toucher organique, réunis comme une bande de vieux amis autour d’un feu discret. Ensemble, ils composent une matière sonore d’une richesse feutrée, où l’orfèvrerie des arrangements n’éclipse jamais l’essentiel : la chanson, nue, vibrante, habitée.
De ces sessions naît un album doucement ample, qui respire la confiance retrouvée. Moins repliée sur elle-même que sur Drop Cherries, Billie y explore de nouvelles textures, plus aériennes parfois, mais toujours tenues par cette écriture fine, charnelle, observatrice. On y sent les kilomètres parcourus depuis 2023, les scènes traversées, les carnets noircis à l’arrière des bus. Chaque morceau semble porter les traces d’un cheminement lent, patient, presque secret celui d’une artiste qui ne cherche plus à plaire mais à dire, simplement.
Dog Eared c’est un disque qui s’apprivoise. Il faut lui accorder du temps, de l’attention, un peu de silence autour. Mais pour qui s’y plonge, il offre ce que peu d’albums osent encore : une beauté sans fard, traversée de lumière tamisée et de murmures essentiels.
Billie Marten, désormais, ne chuchote plus. Elle parle bas, mais avec assurance. Et chaque mot compte.