4000 happy festivaliers ont célébré en musique le 14 juillet à l’occasion de la 33e édition du festival écocitoyen Chauffer Dans La Noirceur (CDLN) du 11 au 13 dernier à Montmartin-sur-Mer dans la Manche (50). Comment c’est loin la mer !
Pour la seconde fois consécutive, le festival manchot CDLN affichait complet avant même son ouverture. De quoi rassurer les 4 salariés et 650 bénévoles à la tâche durant les 3 jours de cette manifestation toujours aussi atypique dans le paysage de plus en plus encombré des festivals d’été. « Des jours complets une semaine avant le festival, plus de pass 3 jours deux semaines avant, c’est quand même une première », confie Issia Maurice, tout sourire speed mais tout sourire ce vendredi 11 juillet 2025 sous la canicule normande.
Malgré ce succès indéniable en termes de fréquentation (4000 billets écoulés chaque soir, la dose maximale…), le leitmotiv du festival est le même depuis des lustres et tient en un mot : l’émergence.
Allez, un peu de name-dropping… Arno & The Subvronicks, Diabologum, Matmatah, Tryo, Sinsemilia, Brigitte Fontaine, No One Is Innocent, Alec Empire, Jacques Higelin, François Hadji-Lazaro, Huspuppies, Rokia Traoré, Kap Bambino, Black Rebel Motorcycle Club, Carmen Maria Vega, Christine and the Queens, FFF, Joey Starr & Nathy, Nina Hagen, Catherine Ringer, Clara Luciani, Peter Doherty, Delilah Bon… Autant d’artistes venus jouer là devant un public trié sur le volet à une époque très spécifique de leur carrière. On a même entendu parler de Public Enemy, c’était en 2011…
Une expérience quasimystique
Dès lors, jouer ici apparaît forcément comme un rite initiatique, une expérience quasi mystique lors de laquelle, lorsque sur scène, il faut donner le meilleur de soi-même lors d’un show millimètre pour éviter la fuite des spectateurs, dont il faut surtout réussir à capter l’attention.
Comme dans les plus grands festivals, les scènes, il y en a quatre principales, jouent en alternance. Pour renforcer encore la confusion, les horaires de passage sont dévoilés au dernier moment, à la journée en fait.
Miki, véritable star montante de la pop actuelle, s’est ainsi produite en tout début de soirée. Toute en séduction, très pro, très safe, elle a forcément marqué les esprits de ceux qui l’ont vue. Bouche-à-oreille ultra favorable en vue d’une prise de pouvoir attendue prochainement pour la Franco-Coréenne née à Nice, dont le EP Graou cartonne déjà partout.
Pour les artistes, le challenge est d’importance car révélateur de leur potentiel du groupe. À 26 ans, Miki peut s’enorgueillir d’avoir haut la main relevé le challenge.
La veille, le vendredi, quasiment à la même heure mais sur une autre, La Mano 1.9, wesh, avait aussi marqué les esprits avec son rap racaille urbain et dans l’air du temps, wesh wesh.
Débarqué en van, utilisé pour aller, wesh, dans des loges, des préfabriqués blancs, à la scène, avec manager et sécurité renforcée, le jeune rappeur parisien du 19ᵉ est étonnamment entouré de Marseillais. Il arrive masqué, pour ne pas dire caché, sous tignasse orange et peut déjà compter sur une fan base préadolescente en adulation, wesh wesh… Il se revendique « Businessman » (un extrait de son album R.A.T, wesh) et le clame avec force. Pas sûr pour autant qu’il tienne vraiment la route, mais bon, wesh, on a kiffé grave la nouvelle fierté de la diaspora ivoirienne.
Girls power
Un peu de grâce dans ce monde de brutes quand même, ben non ça rigolait pas niveau sécu avec La Mano, voilà Sylvie Kreusch, sous le grand chapiteau. La précieuse chanteuse belge livre un set majestueux, somptueux même et d’une rare élégance. Lorsque l’un explose les carcans hip-hop actuels avec deux balles et demie de vocabulaire, wesh quand même, la seconde déverse en anglais un flot de volupté absolument magique et parfois proche du sacré sur un public pour le coup pas du tout désenchanté. Elle sera de retour en France à Rock en Seine
Pas besoin d’en dire plus, on a aimé, beaucoup. Et on a forcément aussi beaucoup aimé Pongo remuant son popotin multicolore. More woman on stage, réclame revendiquée il y a quelques années par la jeune garde punk française. Il semblerait bien qu’elle ait été entendue.
Allez dodo car le samedi s’annonce torride. Et l’on compte en profiter pour aller se baigner.
















































































Bronte, une jeune fille stringuée à mort
Justement, Bronte, la chanteuse de Big Wett, porte un prénom en référence aux sœurs Brontë. Elle est sur la plage immense située à proximité immédiate du site, derrière une dune préservée. La fascinante Australienne ne quitte pas sa nuisette transparente. Ça promet pour le show. Ça va être stone, ça va être sale ! Mais comment cette jeune fille bien sous tous rapports en est-elle arrivée à venir passer deux jours, sous la canicule normande, pour livrer un set ici, un set torride et provocateur. Impossible de le savoir, mais lorsqu’elle prend son envol dans le petit chapiteau, la présence soutenue d’un son électro trash addictif, intense réjouit les jeunes filles et affole les jeunes mâles. Bien moins vulgaire qu’un effeuillage à deux balles, la prestation de la jeune fille stringuée à mort, et en nuisette panthère, déverse une techno presque berlinoise soutenue par des beats infernaux. Bronte fera un aller-retour en Angleterre cette semaine pour mieux revenir ce samedi soir 24 juillet, en plein Lollapalooza, au Pop-up à Paris. À Bastille donc.
Une choucroute de la mer
Le lendemain, on a des images de fête plein la tête et comme envie de se baigner. Alors après un repas partagé et de riches nouvelles rencontres, direction la mer. C’est encore loin la mer ? Ben oui, à plusieurs kilomètres lorsque la marée est basse. Les locaux, ils sont très nombreux, rigolent : il fallait venir ! Ce matin. On peut quand même faire une minitrempette dans la « rivière », mais c’est un peu cra-cra, genre Deauville au mois d’août.
Alors on marche, longtemps, mais sûrement. Et patatras, le temps a tourné. Les éclairs menacent. Un groupe de Suisses rentre au camping, mieux vaut prévenir que guérir, le bain. On le prendra avec eux sous la douche. C’est rudimentaire et l’eau est plus froide que la mer, mais bingo, on repart avec une vraie découverte, un CD donné par nos nouveaux amis de plage. Ben oui wesh, ça existe encore, un CD magnifique. Ambiance Diabologum, mais il ne neige pas en été ici. Pas encore. Et à La fabrique des nuages (c’est une chanson de l’album), il fait toujours froid… (plus d’infos sur le site https://lrbtz.ch)
Propre comme un sou neuf. même si aucune monnaie en espèce ne circule officiellement sur le site, on va voir le match. Ben oui, y a match, le match du siècle, celui du nouveau monde : le PSG va finir sa saison en remportant la toute première coupe du monde des clubs champions en tapant Chelsea, c’est obligé ! Obligé ? C’est oublier que Chelsea dispose aussi de quelques moyens financiers pour motiver ses joueurs.
Lorsqu’on arrive à Régneville, l’ambiance est à son top au bar du village.
On pousse un peu Chez Maryvonne.
déguster une choucroute de la mer, délicieuse. Mais on a attendu une heure et demie et déjà le sort du match est scellé. Un, deux, et trois zéros… On connait la suite. À la télé, les joueurs, hagards, sont prêts à devenir des figurants de la série The Walking Dead. Allez, un peu de baume au cœur quand même. Célébrons, quel oxymore, en créole la défaite avec le Saïan Supa Célébration.
Ce dimanche 13 juillet, toutes les filles s’appelaient « Angela » et c’était très bien comme ça. Mistinguett n’aurait dit mieux, Dalida non plus.
À quelques kilomètres de là, le mulet César était toujours puni dans son box pour avoir fugué la veille, Fanfan le maraîcher n’avait même pas regardé le match et un nouveau jour allait se lever sur la planète France.
Les dates du prochain festival sont, elles, déjà connues, ce sera du 10 au 12 juillet 2026.
















































































