« ô Capitaine, mon Capitaine! »
« Albator« , « Goldorak« , « Capitaine Flam« … Si ces noms résonnent en vous de manière singulière, c’est que vous avez certainement passé trop de temps devant le tube cathodique de votre salon dans votre prime jeunesse. Haaaaa, les Seventies finissantes ! Un nombre de chaines hertziennes limité, mais des programmes jeunesse en pagaille pour qui savait jongler entre les différentes touches. Qu’ils étaient délicieux, ces instants en suspension, où les héros du petit écran rivalisaient d’inventivité pour repousser l’oppresseur galactique et faire la nique à tous les golgoths. Qu’elles étaient intenses, ces reproductions enfantines où nous mimions des combats au ralenti dans la cour de récré. À présent que nos tempes, les vôtres et les miennes, optent pour la couleur poivre et sel, redécouvrons dans les bacs BD non pas notre robot géant préféré accompagné d’un corsaire balafré (c’est déjà fait et bien fait), mais le grand comeback du Capitaine Futur !
Créé initialement par Edmond Hamilton, en 1940, sous forme de nouvelles, puis adapté des années plus tard par la Toei Animation, le Capitaine Flam déboula dans notre quotidien fin 1978.
Mais là où le Mecha-Grendizer engendra une vague de protestations populaires face à un déchainement de violence inédit dans notre hexagone, le « Capitaine Flam » emporta instantanément l’adhésion d’un public plus porté sur l’action, la réflexion ET la portée pacifiste d’un dessin animé à l’heure de grande écoute. Une adhésion partagée, entre autres, pour « Ulysse 31 » ou encore « Tom Sawyer », mais c’est un autre débat…
Les atouts de notre aventurier châtain aux petites rouflaquettes ? Un sens moral affirmé, un courage à tous les étages, un vaisseau spatial trop cool et une équipe des plus étonnantes. Ajoutez à cela un générique culte (j’avais le 45 tours !) et un récit toujours hypnotisant… Et vous obtiendrez un succès instantané.
De quoi envouter le plus récalcitrant des geek en devenir, non ?
2024. À la suite du succès en librairie des « Mémoires de l’Arcadia » et de « Goldorak », est annoncé un remake à bulles de notre justicier interstellaire.
C’est fébrile que j’entame cet opus, l’appréhension le disputant à la gourmandise.
Ce qui nous étreint dès les premières pages de cette relecture flamboyante, c’est son dynamisme permanent. L’action semble littéralement s’extraire des cases, tel un effet 3D, et l’on ne peut s’empêcher d’avoir en tête la musique jazz psyché qui rythmait chaque épisode. Trépidantes, haletantes, les nouvelles péripéties de nos héros s’enchainent sans temps mort et sans oublier de privilégier de nombreuses scènes d’exposition. Ainsi, chaque case semble « habitée » par son sujet et chaque caractère, à l’instar de ce reboot, revêt une modernité évidente. Tout y est ! Les origines de notre agent gouvernemental et de ses amis, sa rencontre avec Johann et Ken, les courses-poursuites so « Star Wars/Trek« , les ennemis patibulaires souffrant de mutations inexplicables, le caractère politique sous-jacent de cette étrange quête scientifique, etc…
Gloire à Sylvain Runberg (« Orbital », « Reconquêtes ») et Alexis Tallone (« Golem », « L’intrépide »), heureux pères adoptifs de ce Curtis Newton flambant neuf ! Ces derniers ont su revisiter, avec panache et par le prisme d’un style graphique alternant traits originaux et relents mangas, une œuvre culte.
« Capitaine Flam » a toujours été mon dessin-animé préféré et son générique de fin annonçait toujours, à mes yeux, la reprise difficile de lendemains scolaires. À présent adulte (enfin, je crois), cet » Empereur éternel » ravive en moi une nostalgie teintée de bonheur que je ne saurais cacher.
Alors ?
Plus d’hésitation ! À l’approche du 24 décembre, voici le présent idéal pour charmer le Tonton quinqua, le petit cousin adepte des shonen et… votre serviteur.
À l’occasion.
John Book.