CANNON FODDER FAIT JOUER LA POUDRE !

Du swamp rock australien griffé Spencer P. Jones et Beasts Of Bourbon, du blues rock irrigué par le Memphis de Greg « Oblivian » Cartwright, un V12 made in Le Mans Motor City qui colle les passagers au siège baquet, une mécanique puissante et nerveuse. Lust4live.fr est allé à la rencontre du trio Chris Martini (guitare, claviers/chant), Miss Alice Martini (basse, chœurs) et Nico Wireman (batterie, chœurs) dont le premier album vient de sortir sur le label rennais Beast Records.

 

Le groupe a vu le jour en 2016 mais cela fait très longtemps que vous faites de la musique. Quel est votre parcours ?

Chris : Ça fait 35 ans que je joue de la musique. J’ai joué à mes débuts avec Witcherry Wild puis Born in Flames, Orville Brody, Head On (qui sortira un quatrième album en 2020) et Cannon Fodder, avec ces deux-là… (il désigne Alice et Nico assis à ses côtés). C’est pas facile… Je souffre terriblement ! (rires).

Nico : Je fais du rock depuis 25 ans. J’ai été chanteur, bassiste-chanteur et ça fait dix ans que j’ai un one-man band en parallèle (NDLR : The Big Wireman). J’ai aussi composé la BO d’un film de zombies motards, tourné en Super 8 ; ça été arrangé par la suite et on l’a jouée avec quatre cuivres, deux batteurs, une basse… on l’a joué en ciné-concert un peu partout en France. J’ai repris la batterie en 2016 pour jouer avec ces zigotos… ça faisait 25 ans que je n’en avais pas joué !

Chris (il coupe) : Et comment dire ? Ça s’entendait ! On a joué avec des boules Quiès pendant quelques temps car c’était terrible ! (rires)

 

Mais que s’est-il passé pendant ces 25 ans ? Tu t’es perdu ?

Nico : Non, moi je voulais être devant, je voulais faire chanteur (rires). Avec le one-man band, je commençais à tourner un peu en rond, j’avais envie de rejouer en groupe. On se connaît depuis plus de 25 ans avec Alice et le projet Cannon Fodder m’a plu… Voilà.

Alice : J’ai commencé à jouer de la basse au début du groupe, je n’avais jamais touché une basse de ma vie auparavant. J’ai appris en autodidacte. Avec l’aide de gens qui savent jouer, on progresse plus vite forcément. J’ai tout de suite été mise dans le bain… les répétitions, les concerts… pas le choix.

Chris : Et le travail…

Alice : Tu dis toujours « le travail » mais je n’ai pas l’impression que ce soit du travail…

Chris : Si, c’est du travail…

Alice : Non…

Chris (il feint de s’énerver) Ah commence pas hein ! (rires)

Alice : Il faut savoir qu’on est en couple alors vous assistez à une scène de ménage (rires)

Chris : Ça n’est pas toujours facile pour Nico… C’est un peu notre avocat ! (rires)

 

Que s’est-il passé depuis 2016 ?

Chris : Principalement la composition et un ou deux concerts la première année (NDLR : le tout premier eut lieu à l’Austral au Mans). Et ensuite, de plus en plus de concerts… Et maintenant, avec la sortie de l’album, il faut promouvoir la bête. Plusieurs concerts sont à venir avant une pause en novembre 2019 pour recomposer parce qu’on pense déjà au deuxième album.

 

Vous avez beaucoup répété dans les salles du Silo au Mans. Le Silo, c’est le lieu incontournable pour les artistes et les groupes de l’agglo mancelle et de la Sarthe, LA maison des musiciens ?

Nico : C’est un lieu superbe, le seul où l’on peut répéter au Mans ; c’est un lieu associatif avec dix salles de répétition isolées et équipées de matériel, un super accueil, avec une grande amplitude horaire, de 10h à 1h du matin en semaine. Et ils font buvette.

Chris : C’est quand même le plus important ; sans cela, on ne serait jamais venus !

Nico : J’ai connu Le Mans avant l’ouverture des premières salles au Silo (NDLR : en novembre 2005), on galérait vraiment pour répéter. On se retrouvait dans des fermettes qu’on essayait d’isoler avec du carton nous-mêmes, c’était vraiment la misère. Alors que maintenant, ils ont changé la vie de pleins d’artistes ; je crois qu’il y a plus de 1000 adhérents. Ça permet de rencontrer et de partager avec d’autres groupes, c’est vraiment sympa. Nous avons rejoint ce lieu naturellement. Ça fait 25 ans que je fais de la musique au Mans, j’ai connu les gens qui ont créé ce lieu, j’ai plein de copains qui y sont bénévoles…

 

Vous avez enregistré votre album au studio L’Abri 101 à Maxent (NDLR : commune située à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Rennes). Pour quelle raison ?

Chris : Je connaissais le travail d’Arthur Paichereau, le maître des lieux. Quand j’ai écouté tout ce qu’il avait fait ces dernières années, ça correspondait bien avec notre musique. Seb Blanchais, le boss de Beast Records, nous avait aussi recommandé le studio.

Nico : Sinon Seb ne sortait pas l’album ! (rires)

Chris : Ça s’est révélé être un très bon choix (Alice et Nico aquiescent)

Nico : Arthur a fait un vrai travail de production, il nous a beaucoup aidé…

Chris : Ce n’est pas simplement le mec qui pousse les boutons et qui enregistre, il a aussi des idées. Ça ouvre d’autres portes, on reste très à l’écoute avec un mec qui sait faire…

Le mastering a été réalisé par Loki Lockwood au studio Creepy Hollow à Melbourne. Il a précédemment produit des albums de The Drones, Spencer P. Jones And The Escape Committee, The Braves, Digger and The Pussycats… Vous avez fait appel à une véritable légende…

Chris : (il aquiesce) Oui, Loki est vraiment excellent. Il a vraiment bien accueilli l’album, il était même dithyrambique. Je l’avais rencontré à Melbourne lors d’une tournée avec Orville Brody, c’est quelqu’un de très sympa, humble et discret mais avec beaucoup de talent, très intéressant. Il est fort possible qu’il vienne l’an prochain en France, peut-être à Binic. Il me tarde de le revoir.

 

Je viens de parler de Spencer P. Jones qui nous a prématurément quitté le 21 août 2018. Que représentait-il pour vous ?

Chris : (il s’illumine) C’est simple, c’est mon guitariste et songwriter préféré. Je l’ai vu joué et j’ai discuté avec lui plusieurs fois. Il avait une sensibilité, un truc particulier qui lui appartenait. C’est le guitariste qui m’inspire le plus au niveau du jeu. Il y a des petites notes qu’il met, qui sont légèrement sur le fil du rasoir, que j’aime beaucoup et que j’aimerais atteindre un jour. C’est un véritable mentor pour moi. Je le trouvais fantastique.

 

Revenons à l’album et plus précisément aux textes que tu écris Nico en compagnie de Régis Bananasutra (NDLR : le premier batteur du groupe).

Nico : Ce sont les batteurs qui écrivent, ce n’est pas commun !

 

Y-a-t-il des thèmes récurrents, un fil conducteur ?

Nico : Ce sont plutôt des textes de rock’n’roll basiques qui parlent d’alcool, de gonzesses… Des thèmes à la Cramps parce que je viens de cette école-là. Les paroles ne sont pas très difficiles comme ça (rires).

 

Vous avez enregistré une vidéo mi-juillet 2019 au Silo avec Paola Bertelli. Pour quand est prévue la sortie ?

Chris : Elle est en cours de montage, ça devrait sortir bientôt.

 

Vous avez joué au Binic Folks Blues Festival cet été. Que représente Binic pour vous ? Qu’est-ce que ce festival a de si différent ?

Chris : C’est un endroit merveilleux, une chouette ambiance. C’est l’indépendance, la liberté… L’indépendance de choix de la programmation. Ce n’est pas un festival racheté par une multinationale qui programme toujours les mêmes groupes et qui ramène un maximum de caillasse. Ici, ce sont les programmateurs qui se disent « si nous on aime ça, on passe ça ! ».

Nico : Et ça reste gratuit.

 

Pensez-vous que Binic restera en l’état, avec ce côté très indépendant, la gratuité… ?

Chris : Je ne sais pas, ça leur appartient…

Nico : On ne peut que l’espérer…

Chris : J’espère que oui parce que j’adore y venir, pour jouer ou en simple spectateur !

 

La suite pour vous, c’est d’aller défendre l’album sur scène. Des dates, une tournée à venir ?

Chris : Quelques dates sont déjà programmées : la release party de l’album le 28 septembre au Barouf au Mans (avec The Big Wireman en guest), le 19 octobre à la salle des fêtes de Lanvallay dans le cadre du Festival Les Nuits d’Octobre et le 16 novembre au Bistro de la Cité à Rennes. Ensuite, ce sera au printemps 2020. Emi Gourgand de Dead Foot Agency s’occupe de nous trouver d’autres dates. J’aimerais aussi faire une tournée au pays basque espagnol, on y a joué avec Head On. Bref, des dates dans des bars, des PMU, partout… (rires)

Nico : On accepte tout, même les bar-mitsva, on prend ! (rires)

 

Nous arrivons à la fin de cet entretien. Avant de vous quitter, qu’est-ce que lust4live.fr peut vous souhaiter à tous les trois pour la suite ?

Chris : Que le premier album se vende bien !

Nico : Voilà !

Chris : Qu’on soit en rupture de stock…

Nico : Que le deuxième album soit encore meilleur, chiadé (rires)…

Chris : La chanteuse chiadé ? (rires)

Nico : L’album de la maturité !

 

Alechinsky

CANNON FODDER @BINIC 2019 Photos ©Claude Le Flohic – Vidéos © Guillaume Dubost
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