BINIC FOLKS BLUES FESTIVAL, LE WOODSTOCK BRETON

La 11ème édition du Binic Folks Blues Festival (BFBF) vient de s’achever après 60 concerts sur 3 jours. Un millésime qui aura généré cette année encore des débordements sonores et des exactions rock’n’roll de hautes envolées, pour le plus grand plaisir des 70.000 festivaliers présents tout au long du week-end.

Binic est une réussite totale, c’est avéré ! Mais pourquoi est-il aujourd’hui devenu ce festival unique et singulier, sans aucun équivalent sur la planète ?

La première raison est d’ordre général mais bien réelle : la Bretagne est un pays ancestralement festif et une terre de festivals.

C’est entendu me direz-vous. Mais pour en revenir à Binic alors ?

Et bien Binic, c’est un festival sans apparat ni artifices mais qui présente de nombreux atours qui immanquablement séduisent :

  • Une ambiance conviviale et familiale, dans le cadre idyllique de la côte du Goëlo, dans la partie ouest de la baie de Saint-Brieuc ;
  • Un festival inventé à la fois pour le public et les artistes, propice aux rencontres et aux échanges ;
  • La gratuité, véritable ADN du festival qui, selon un membre de l’association La Nef D Fous, explique « pour 95% » l’affluence massive d’un public averti et connaisseur ;
  • Une programmation abrasive mais pas rappeuse (si vous voyez ce que je veux dire…); c’est ici la Mecque du rock indé, « le meilleur des artistes inconnus et ultra talentueux » selon la formule de Ludovic Lorre, organisateur et co-programmateur du festival, aidé en cela depuis toujours par Seb Blanchais, le boss du label rennais Beast Records, pourvoyeur de près d’un tiers des groupes présents ;
  • Année après année, l’association organisatrice La Nef D Fous continue à se professionnaliser et fait l’effort d’aller « chercher les centimètres » dans chaque domaine de l’organisation ;
  • Enfin, last but not least, l’accueil et la gentillesse des bénévoles et la sécurité, souriante et au top (permettez-moi ici de vous livrer une anecdote personnelle : dimanche soir, à l’issue du dernier concert de E.T. Explore Me, arrive le moment fatidique d’évacuer les lieux – un moment difficile où l’on traîne des pieds pour sortir, histoire de poursuivre encore un peu plus la magie de l’instant – ; je tombe nez à nez avec l’agent de sécurité qui m’avait justement « évacué » il y a deux ans ; je le lui rappelle et m’insurge avec humour : « C’est incroyable, tu m’as déjà viré il y a deux ans et tu reviens à nouveau cette année pour ça ?!? ». Amusé, il me lance : « Oui, car c’est moi le meilleur pour t’obliger à partir d’ici ! ». Nous partons alors tous deux dans un grand éclat de rires en nous serrant la main ! Voilà, c’est aussi ça l’esprit de Binic).

Au-delà de tous ces « facteurs clés de succès », pourquoi ne pas imaginer en contre-pied, et dans un accès de dystopie marketing, la perception que pourrait avoir un cabinet international de conseil en stratégie du BFBF : « Le rock indépendant est un marché de niche, avec de belles opportunités à dix ans pour la gestion de la marque « la Nef D Fous », mais qui présente des points rédhibitoires :

  • Une taille critique insuffisante si l’on veut développer et pérenniser la rentabilité de l’événement, aujourd’hui nettement aléatoire
  • Une géographie totalement inadaptée qui limite tout accroissement de l’affluence du public
  • Un potentiel de cash-flow quasi-nul du fait d’une politique de pricing inconséquente et catastrophique (gratuité)
  • Un manque total de visibilité pour le grand public qui, si on veut l’inverser, impliquerait un remaniement impératif de la programmation, qui devrait recouvrir la plus grande partie de la demande et s’adresser au plus grand nombre de consommateurs potentiels

En synthèse, nous déconseillons vivement tout positionnement sur ce produit inéluctablement destiné à disparaître à très court terme ».

N’ayez crainte, le collapse n’est pas pour demain. L’édition 2020 est déjà dans les esprits de La Nef D Fous.

J-362.

Alechinsky.