[Interview] Bertrand Alary embrasse la musique Metal

La réédition de son livre est disponible

Le photographe Bertrand Alary vient de sortir une nouvelle version de son ouvrage « Metal 40 ans de musique puissante »

 

Fort du succès d’une première édition écoulée à 6 000 exemplaires, le photographe Bertrand Alary, spécialiste de la musique de concert, en particulier de hard rock, présente une nouvelle édition de son ouvrage « Metal 40 ans de musique puissante ». Il a eu le déclic très jeune, à l’occasion d’un concert de Kiss, son groupe fétiche. Cette formation soigne particulièrement les photographes.

Happé par la musique et les sonorités des créateurs du célébrissime « I was made for loving you », Bertrand Alary a rapidement repéré un emplacement privilégié entre la scène et le public, un endroit réservé aux photographes. Il venait de mettre le pied dans un engrenage incroyable.

40 ans et plus de 3 000 concerts plus tard, il a monté son agence (www.dalle.fr) et est devenu le spécialiste mondial d’une musique marquée par les grands riffs de guitares.

Une expérience extraordinaire racontée en photo dans le livre d’art « Metal », sorti il y a 3 ans déjà et aujourd’hui rééditée avec 32 ans pages supplémentaires, uniquement des photos.

« Le Metal, c’est une invention des journalistes de rock, explique Bertrand Alary. Dans cet univers essentiellement masculin, on trouve parfois quelques chanteuses avec des mecs derrières mais les groupes complètement féminins, on les compte sur deux mains. »

Pourtant le livre de Bertrand Alary rend parfois également hommage aux femmes. C’est le cas avec par exemple cette sélection de photos de Joan Jett. « Elle joue désormais avec un bassiste, un autre guitariste et un batteur mais à l’époque, de 1975 à 1979, elle était la chanteuse de The Runaway’s, c’était quatre gonzesses ! »

Etonnement, les photos données à voir de Joan Jett sont surtout des photos posées. L’une d’elles montre la chanteuse sur la table d’un hôtel. « Cette photo a été assez facile à réaliser car les artistes sont souvent coopératifs si vous les drivez. Une séance photo, à la base, c’est censé emmerder un artiste, car lui, ce qu’il veut, c’est chanter ses chansons sur scène. Le reste, cela ne l’amuse pas. Après, si tu arrives à capter le gars et à lui dire que tu as une idée pour lui faire faire un truc rigolo, tout d’un coup, il devient plus conciliant. »

Bertrand Alary s’amuse pour sa part toujours beaucoup à faire des photos même si les conditions d’accueil des photographes dans les concerts ont beaucoup changées. « C’est devenu une grosse galère. Je préfère le temps où lorsque tu avais ton joli autocollant que l’on appelait un pass photo donné par le groupe, le management ou je ne sais qui, personne ne te disait rien, tu n’avais aucune consigne, tu faisais ce que tu voulais. Maintenant, dans le meilleur des cas, c’est trois chansons, des fois c’est deux, des fois c’est une, des fois c’est la dernière … Et d’autres, comme par exemple Brian Adams, veulent que le côté gauche. »

C’est aussi le cas, par exemple, du français Etienne Daho. Il a longtemps refusé d’être photographié du côté droit !

Une attitude est par ailleurs significative de l’évolution de la scène rock en général. « C’est devenu  de plus en plus commercial. Ils partent du principe que cinq photos faites sur la première chanson, cela suffit. C’est un tort car les meilleures photos, pour un groupe de rock, et à plus forte raison pour un groupe de hard rock, c’est quand le mec est en sueur, torse nu et éventuellement qu’il saute dans le foule. Alors quitte à avoir trois chansons, je préfère les trois dernières. Un seul groupe l’a fait, c’est Metallica, lors de leur tournée de 1990 à 1991. Ils ont finalement arrêté car ils se sont rendus compte que dire aux photographes vous ne shootez que les trois dernières, cela ne sert à rien. Un photographe, c’est ingérable : tout le reste du concert, on faisait des photos, de loin, caché dans des coins …»

Une attitude qui lui a permis de devenir une véritable référence.

« Metal 40 ans de musique puissante »

Réédition avec 32 pages supplémentaires et 86 photos inédites.

Les textes, inchangés, sont toujours signés Jean-Pierre Sabournet.

Edition Gründ

Entretien et photos (c)Patrick AUFFRET