BERMUD “CHETTER HUMMIN”

Il est toujours compliqué de réunir dans une même création les passions qui nous anime. Pour autant, il est inutile de chercher à s’en cacher surtout lorsqu’on maîtrise parfaitement son sujet. L’idée faussement répandue qui consiste à croire que tout a déjà été fait est un moyen de ne rien faire. Et donc ceux qui trouvent le bon angle pour les unir avec brio n’en sont que plus grandement à féliciter. Le 1er album du nouveau combo nommé BERMUD, mené par Elliot Aschard (Limboy, Jumaï), en est l’idéale confirmation. Accompagné des ses compères Jean, Thibault et Jack (Wild Fox), il trouve le trait d’union entre ses deux grandes passions : la science-fiction et la musique grungegaze (mélange de grunge et de shoegaze). Tout au long des huits titres de cette œuvre hautement captivante, intitulée Chetter Hummin, les quatre angevins produisent un petit bijou brut et pourtant méticuleusement sculpté afin d’épouser à la perfection l’imagination fantasmagorique d’Elliot. Quelque chose de fascinant en émane, aussi dynamique qu’ intrigant. Cet opus apparaît comme l’œuvre d’un groupe qui aurait décidé de chambouler un peu le conformisme du rock sur les traces de My Bloody Valentine ou de Jesus and Mary Chains et d’ainsi accoucher d’un disque très riche dans l’esthétique et totalement efficace dans la sincérité.

 
 
 

Bonjour Elliot, quelle est l’histoire à l’origine de ton projet sous le nom de BERMUD ?
A l’origine de BERMUD, j’avais des compos qui dataient de quelques années et je me suis mis en tête de les retravailler.

L’idée c’était de sortir un EP en digital sur Bandcamp, mais je me suis vite rendu compte que je préférai jouer de la musique en groupe. C’est là que j’ai proposé à Jack, Thibault et Jean de monter le groupe. On a réarrangé les morceaux ensemble, commencer à enregistrer dans mon studio (La Cuve studio) et finalement on s’est retrouvés avec ce 8 titres.

Le nom BERMUD vient du fait que je trouvais que ma musique était à la croisée de différents styles : shoegaze, post-punk, indie. C’était finalement le triangle des Bermudes de ces influences. J’aime bien l’idée que ce projet puisse évoquer un lieu à la fois que tout le monde connaît et en même temps assez mystique et intriguant, chargé d’une mythologie que l’on connaît tous plus ou moins.

 

Chetter Hummin c’est le nom de ton premier album, mais aussi une référence au personnage de Fondation d’Isaac Asimov. J’ai cru comprendre que tu étais un fan de SF mais pourquoi choisir ce personnage en particulier ?
Dans Fondation, Chetter Hummin est un personnage central qui a plusieurs noms et identités. Mais lorsqu’il porte ce nom là, il est décrit comme un idéaliste sincère. J’avais envie que ce premier album représente quelque chose de foncièrement positif (même si les chansons portent pas mal sur la mélancolie ou des sentiments pas forcément très joyeux ou expressifs).

 

Comment définirais-tu ton univers musical ?
L’univers musical de BERMUD se sépare en deux parties : la première est quelque chose de brut, dans le sens où chaque élément est présent de façon entière, franche et honnête. Avec des mélodies sans équivoque et relativement simples, des choses qu’on peut chanter ou siffler après avoir écouté le disque. La seconde appelle à la rêverie, à la mélancolie ou en tous cas un état où l’on peut se laisser divaguer, se faire des images. Je pense que c’est une musique qui peut être assez cinématographique dans le sens où elle prend le temps de nous emmener vers des lieux plus nébuleux, détachés de la réalité du quotidien.

 

Pour composer les 8 titres de cet album, avec qui et comment as-tu travaillé ?
J’ai composé les 8 titres de mon côté sous forme de maquettes. Batteries faites sur l’ordinateur, les guitares directement dans la carte son. Ensuite j’ai fait écouter ça au groupe et on a commencé à réarranger chaque partie. On a enregistré tout ça dans mon studio et j’ai mixé les morceaux. Ce sont mes chansons, mais je voulais qu’il y ait la patte de chaque musicien sur le disque. Et en effet les morceaux ont pris une telle ampleur lorsque chacun se les est appropriés. Je trouve que c’est ça la réelle plus-value de la musique en groupe, il y a quelque chose de nouveau qui s’est créé entre nous au travers de ces morceaux, et je crois que ça s’entend.

Je trouve que ton album offre des ambiances extrêmement travaillées entre dream-pop et post-punk, principalement grâce au son de la guitare. De qui te sens-tu le plus proche musicalement parlant ?
Une énorme partie de ma culture musicale est basée autour de la guitare. Depuis que j’ai commencé à en jouer à l’âge de 10 ans c’est ce qui m’a fait écouter de la musique parce que je voulais pouvoir jouer ce que j’entendais. Il y a beaucoup de groupe des 90’s que j’adore, Sonic Youth, Fugazi, Nirvana, Pixies, Pavement ou même Elliott Smith. Disons que c’est un peu le point de départ. Dans mes influences plus récentes il y a des groupes comme DIIV, A Place To Bury Strangers, Fontaines DC ou même The Black Angels. Encore une fois c’est très différent mais je crois que je me retrouve un peu dans chacun de ces groupes, c’est ce qui me permet d’éviter un maximum de faire dans le réchauffé.

 

Chetter Hummin est une collection d’histoires qui semblent être très personnelles. Sur quoi écris-tu ?
Il y a pas mal de choses différentes dans ces chansons. Soit ce sont des choses que j’ai pu vivre personnellement ou alors des choses que j’ai vu, tout ça entrecoupé de petites références à des romans SF qui me servent parfois de point de départ pour écrire. En écrivant ces morceaux j’ai réalisé à quel point ça pouvait faire du bien de coucher ces histoire sur le papier. Jusque là, je n’avais jamais été très à l’aise avec le fait d’écrire des chansons, je ne me trouvais pas à la hauteur. Et puis en écrivant les morceaux de Chetter hummin je me suis rendu compte qu’il fallait surtout être simple et sincère, en tous cas c’est comme ça que j’essaie de toucher les gens à travers ces chansons.

 

Est-ce le reflet de ta personnalité ?
Je ne sais pas trop, je ne sais pas si je suis le mieux placé pour dire ça. Mais d’une certaine façon je pense que oui.
La musique est un moyen d’expression incroyable parce que cela offre un tel panel de motifs que l’on peut transcrire énormément de sentiments. Et oui c’est vrai que l’on peut y mettre beaucoup de soi.

 

Quels sont tes prochains projets ?
On travaille déjà sur un deuxième album, qui sera dans la même veine que le premier je pense. Il y a aussi des projets pour d’autres clips et live session. Je travaille aussi sur une version solo du live ; guitare amplifiée et voix. J’aime bien l’idée de pouvoir jouer ces morceaux sous leur forme la plus épurée, ça me permet de les faire entendre comme je les compose.

 
 
 

Stéphane Perraux

 

https://reversetapes.bandcamp.com/album/chetter-hummin