Entre ombre et lumière, TELEMAC avance comme obstinément dans la nuit. Le quatuor façonne un rock hypnotique où la rêverie se frotte à la sauvagerie, et où chaque morceau cherche autant la transe que l’évasion. Leur premier EP, sorti le 5 décembre, condense cette tension fertile : cinq titres courts, habités, portés par un mélange de new wave/rock garage, fulgurant et une production minutieuse. 6 morceaux confectionnés non seulement pour leur capacité à mettre l’ambiance avec de belles montées d’adrénaline. À l’occasion de cette sortie, TELEMAC revient sur la genèse du groupe, la fabrication de ce disque, ses influences, et cette relation viscérale à la scène, lieu de perdition autant que de révélation.
Pouvez-vous revenir brièvement sur l’origine du groupe ?
Le groupe est né en 2018 à Montpellier de l’envie d’écrire des morceaux planants avec un côté hypnotique, un peu comme une musique par et pour des drogués (rires).
Votre 1ᵉʳ EP est sorti le 5 décembre. Quelle image ou sensation fondatrice a guidé l’écriture des cinq morceaux de ce disque ?
C’est un peu la rêverie qui est la trame de l’écriture. Mais comme la finalité est de partager les morceaux sur scène entre autres il fallait qu’il y ait une certaine énergie, sauvagerie même. C’est un équilibre pas évident à trouver entre ces concepts, mais c’est ce qui fait la diversité et la richesse de notre répertoire.
Comment et avec qui avez-vous travaillé pour enregistrer l’EP ?
C’est moi-même, Vincent Ferraris, qui ai tout enregistré chez moi.
J’ai passé de longs moments dans mon studio à faire des prises de son, des tests… notamment sur les sons de réverb, d’échos et de crunch.
La plupart des morceaux ont ensuite été mixés et masterisés au Mirador Sound Studio près de Montpellier.
Personnellement, je me suis occupé du mix de « Two For The Best « et de « Motherland ».
Votre son mêle new wave, garage et psyché, avec une identité très marquée. Comment avez-vous trouvé cet équilibre de tension rock ?
Je crois que c’est l’utilisation du MS 10 Korg comme synth bass qui m’a ouvert la voie. Les guitares sont aussi légèrement overdrivées les nappes de réverb et d’échos ce qui permet de donner beaucoup d’espace au son mais avec un petit côté mordant. Et pareil pour la voix.
En fait c’est la prod de notre son qui permet d’atteindre l’équilibre.
Vous nommez Joy Division, Cramps, Velvet Underground dans vos influences. Avez-vous des groupes plus contemporains qui vous marquent ?
Oui, il y a The Nude Party, The Night Beats, The Warlocks ou encore The Temples qui alimentent nos « références » actuellement !
Ces groupes sont extraordinaires avec une production sonore très exigeante malgré leur côté hyper vintage.
L’excellent titre « Firefly » ouvre le disque, un morceau plein de fougue et de liberté où vous parlez de fuir les angoisses et les frustrations. Quelles sont celles que vous fuyez ?
Merci pour le qualificatif!!
On est tous nourris d’angoisse qu’on arrive plus ou moins à gérer. L’essentiel c’est de savoir où on va aller comment on veut vivre, cette luciole est pleine de lumière. C’est comme un œil qui regarde l’avenir dans la nuit.
Dans « A Bit of Blue Sky », on traverse une ville dictatoriale pour atteindre un fragment de ciel bleu. Quelle part de réel et de fiction se cachent derrière ?
Le morceau par ce petit ciel bleu qui existe toujours dans le tumulte. Même quand on croit que tout est fini une lueur nous peut nous montrer le chemin. Il faut toujours s’accrocher et être optimiste.
Ce bout de ciel bleu est le choix de voir le côté lumineux de la Vie, alors que tout autour, c’est l’obscurité et l’orage.
Vous avez ouvert récemment pour The Warlock. Parlez-nous de cette rencontre et de cette expérience ?
C’était un concert aussi excitant que difficile. D’une part parce qu’on adore le groupe, mais difficile parce que le public était venu pour les écouter. On a un groupe qui fonctionne à l’énergie réciproque qui se transmet. Là on était face à un mur de public, je dois avouer que ce soir-là on n’a pas su relever le challenge de faire trémousser les gens, mais c’était une superbe soirée ! La rencontre avec The Warlocks était assez insolite : le groupe voyageait dans un camion tout pourri et les musiciens se semblaient très très très perchés, si tu vois ce que je veux dire ! Mais ça s’est détendu par la suite.
Sur scène, paraît-il que votre musique prend une autre dimension, plus hypnotique. Comment vivez-vous ce moment de partage avec le public ?
Comme je disais précédemment, la scène reste notre lieu de prédilection. L’endroit le plus vivant pour notre musique et pour nous-mêmes d’ailleurs !!! Donc on met toute notre humanité toute nos tripes dans chaque note jouée.
La scène est finalement un endroit de perdition éphémère et c’est l’endroit où personnellement je me sens terriblement chargé d’énergie.
Photo de couv. Philippe Poulénas



