Retour de la mélancolie enivrante, des deux champions de la douce amertume de la vie. Aussi sauvages qu’éperdument amoureux des vertiges expressifs, Nous étions une Armée, signe un premier album intitulé « Mais le ciel est sublime », aussi brulant qu’un soleil méditerranéen qui se refuse à embrasser la nuit.
Le duo, déjà remarqué pour son spoken word habité, transforme ici la noirceur en moteur vital. Entre rock fiévreux, post-punk ascétique et éclats de poésie urbaine, leur musique avance en clair-obscur, portée par des mélodies tantôt glaçantes, tantôt volcaniques, et des boîtes à rythmes qui martèlent comme un cœur trop plein d’émotions.
La voix de Léo Nivot, parlée-chantée, est le centre de gravité du disque où confession et scansion cherchent moins la complaisance qu’une vérité à nu. On pense parfois à Bashung, parfois à Fauve ou à Kae Tempest, mais l’écriture impose sa propre trajectoire, une langue qui veut nous toucher physiquement, en parlant d’amour, de perte, de renaissance, comme autant de façons de regarder le monde droit dans les yeux.
Ce premier album est traversé par un vitalisme ardent : chaque morceau part de la douleur pour remonter vers la lumière, chaque refrain bascule vers une forme de transcendance. C’est une musique qui se débat, qui se heurte, qui s’arrache à l’obscurité pour mieux affirmer : « nous serons plus vivants que jamais ».
Radical, intime et puissamment lyrique, « mais le ciel est sublime » impose un duo qui fait de la fragilité une arme fatale et de l’espoir une conquête. Un disque qui brûle longtemps après le dernier mot, étirant la dernière note jusqu’au zénith.



