Après deux EPs et une compilation qui avaient déjà révélé l’identité instinctive de The Twin Souls, le duo franchit un cap essentiel avec « Highs & Lows », leur tout premier véritable album studio. Un disque qui ne doit rien au hasard : forgé dans l’intensité des concerts, dans les heures de recherche en studio et dans les remises en question les plus profondes, il capture avec une exquise sincérité l’ADN même des deux frères. Des collaborations déterminantes et des désillusions qui insufflent les renaissances, « Highs & Lows » porte bien son nom : un album qui traverse les montagnes russes émotionnelles de deux musiciens déterminés à transformer chaque obstacle en énergie créative. À l’image de leurs performances live, explosives et jouissives, le disque mêle puissance, vulnérabilité et un profond sens du groove. Rencontre avec Martin et Guilhem, qui lèvent le voile sur la naissance de cet album aussi personnel que fédérateur.
“Highs & Lows” marque votre premier véritable album après deux EPs et une compilation. Qu’est-ce qui vous a le plus motivé à créer un vrai album studio complet ?
Pour nous, c’était un véritable accomplissement de réaliser cet album. En effet, après plusieurs années à faire des tests sur scène, en salle de répètes ou encore en studio nous avons compris plein de choses et nous étions super excités de mettre tout ça sur bande. C’est exactement ce que nous avions en tête depuis le début des Twin Souls. Il ne nous restait plus qu’à l’enregistrer pour le faire découvrir à tout le monde. Les EPs et la compilation, c’était cool mais l’album, c’est un vrai rituel créatif et un défi hyper stimulant.
Vous avez pris le pari audacieux de produire vous-mêmes cet album avant de le confier au mixage à Charles De Schutter. Qu’est-ce que cette expérience vous a appris sur vous-même comme sur votre façon d’écrire la musique ?
Quand on a décidé de réaliser nous-même la production de l’album, pas mal de gens nous l’ont déconseillé, nous ont avertis que ça allait être nul parce qu’on ne sait pas faire et que même certains artistes reconnus échouent à cet exercice, blablabla… Mais nous voulions vraiment tenter ce coup. Et ça a été une vraie leçon. Personnellement (Martin), j’ai passé une année quasi entière à bosser le sujet et notamment, comment mettre sur bande ce qu’il se passe sur scène. Je passe volontairement les détails mais j’ai appris beaucoup de nouvelles choses, accumulé pleins de petits savoirs qui m’ont permis d’avoir une idée assez précise de ce que serait la prod de cet album. Et puis, le projet est passé par plusieurs phases ; de « c’est nul » jusqu’à « wow mais ça déchire ! », en passant par « j’en peux plus c’est n’importe quoi, j’entends tout faux ». La seule chose qui restait à la fin, c’était la persévérance.
Le fameux rêve de Martin, qui en 2017 avait donné l’élan d’origine pour créer votre duo, a-t-il aujourd’hui (huit ans plus tard) le goût et l’énergie de ce “flash” que vous aviez imaginé ?
Oui totalement ! On est sur scène, on fait tout ce qui était présent dans ce rêve et on adore toujours autant le faire ! Il y a pas mal de choses qui n’ont pas un super goût ni une belle énergie dans ce métier de musicien mais par contre, être sur scène et faire vivre notre projet The Twin Souls nous procurent toujours autant de plaisir.
Dans le titre éponyme “Highs & Lows”, vous parlez de reconstruction après des moments difficiles. Quels ont été, pour vous, les “Highs & Lows” qui ont marqué la création de cet album ?
Si nous avons choisi ce nom pour l’album, c’est qu’il faisait justement écho à des événements relevant de nos vies persos tout autant que pros. D’ailleurs, pour revenir à la production de l’album (évoquée plus haut), ça a été une immense galère pour nous. En effet, il nous ait arrivé mille bizarreries : des amplis et des pédales de guitare qui brûlent ou encore des problèmes techniques incroyables. Nous avons même purifié le studio en brûlant de la sauge car nous étions convaincus que le mauvais œil était sur nous !!! Bref, nous n’étions vraiment pas sereins et nous avons assez longtemps pensé que nous nous étions plantés et le résultat n’était pas bon. Et puis, nous avons appris une super nouvelle, à savoir que nous allions pouvoir collaborer avec Charles et emmener ces enregistrements plus loin.
Je (Martin) suis donc revenu sur tout ce qu’on avait fait, tout écouté, tout trié, renommé etc… pour bien préparer cette collaboration. Et quand j’ai présenté tout cela à Charles, il a validé ! Il a même trouvé que les pistes étaient qualis et il a même conservé de nombreux éléments de prod que j’avais moi-même créés lors de longues soirées de recherche. C’était super gratifiant et c’est à ce moment-là que tout s’est aligné. Nous étions passé par les phases les plus « Lows » pour finalement arriver à notre but et profiter maintenant de tous les « Highs » !
Vous échangez guitares et batterie sur scène marquant votre style dans une sorte de performance aussi fraternelle que bluffante. Comment cette polyvalence influence-t-elle votre manière de composer ou d’arranger un morceau en studio ?
Nous avons toujours tout composé en salle de répète. La plupart du temps, quand on créé un nouveau morceau, c’est celui qui est à la guitare et qui a un riff à proposer qui balance. Ça peut venir aussi de la batterie avec une idée de rythme. Nous sommes très complémentaire, nous avons des styles de jeu qui marchent bien ensemble donc on dit de nous que nous sommes « « interchangeables mais en fait non, nous avons des tempéraments complètements différents et ça se ressent dans le jeu.
Mais parfois, et c’est arrivé deux fois sur cet album, ce n’est pas celui qui a composé à la guitare qui en joue sur le titre en question. Par exemple, sur « Lalala Come On », c’est moi qui ai trouvé le riff de guitare mais je ne me voyais pas le jouer. Je voyais plutôt Guilhem avec son côté bourrin et son passé de bassiste.
Et c’est l’inverse pour « Schyzo ». En effet, c’est Guilhem qui a trouvé le riff mais c’est moi qui joue de la guitare car sa personnalité incarnait mieux la batterie dans ce titre.
Plusieurs titres évoquent des thématiques fortes : trahison, désillusions, inégalités sociales, reconstruction… Quel morceau a été le plus libérateur à écrire et pourquoi ?
Étrangement, c’est un titre dans lequel il y a peu de paroles et rien de vraiment travaillé au niveaux des textes. Il s’agit de « War ». En effet, et même s’il y a peu de mots, le peu qu’il y a résonne fort. C’est un titre qui parle de notre relation de frères et fait écho à des événements survenus dans nos vies respectives et en écrire la conclusion a été salvateur.
J’adore l’illustration de votre album. Pouvez-vous nous parler de l’auteur et de la symbolique qui y règne ?
C’est Lennart Menkhaus qui a réalisé cette pochette. C’est un artiste allemand que l’on a découvert il y a quelques années. On s’est toujours dit qu’un jour nous bosserions avec lui parce que le style nous parle beaucoup ! Son côté skate/surf avec les couleurs bleu et rouge, ça nous convenait parfaitement.
Quand on a su qu’on allait pouvoir bosser avec lui, on a fait une maquette de la pochette. C’était pratiquement la pochette finale mais version croquis moche. Dans cette pochette, on voulait trouver une multitude de références à notre vie. Mettre un peu tout ce qui, avec du recul, a eu de l’importance dans nos vies et nous a marqué : des références à notre famille, à notre passé (encore un peu présent) de skateurs/surfeurs, des références à notre premier groupe de musique (The Strings), etc…
Vos concerts sont décrits comme très intenses et généreux. Comment avez-vous travaillé pour que l’énergie du live se retrouve dans la production très soignée de “Highs & Lows” ?
On voulait vraiment que les personnes qui allait l’écouter ressentent l’énergie du live. Pour ça, il fallait absolument enregistrer cet album en live.
Nous avons donc appliqué un petit trick que nous avions appris lors de la collaboration avec Ken Scott (producteur des Beatles et de David Bowie) : changer le tempo du clic pour avoir l’impression d’accélérer ou ralentir naturellement dans le morceau. Par exemple, quand un refrain arrive, l’excitation monte et ça accélère un peu. Certains titres ont été enregistré sans clic mais sur d’autres, nous avons utilisé cette technique pour ne pas avoir l’impression d’avoir un clic justement.
Vous avez sillonné l’Europe, du Portugal à la Suède, avant de sortir cet album. Qu’est-ce que ces voyages et rencontres ont changé dans votre identité musicale et dans ce que vous vouliez transmettre sur ce disque ?
C’était vraiment grisant de constater notre musique pouvait traverser les pays et que le public était là, avec nous. Les gens comprennent. On s’est rendu compte que dans certains pays c’est différent : en mieux ou en pire. En France, c’est assez étonnant parce que nous bénéficions de l’intermittence et d’un certain confort dans ce métier mais le public est assez difficile dans le rock. Par contre, en Espagne ou aux Pays-Bas, le public est hyper chaud et fidèle alors qu’il s’avère trop difficile d’y vivre de ce métier…



