Être lesbienne, c’est vraiment le truc du moment. Une nature mise en exergue dans l’excellent nouveau film d’Hafsia Herzi, « La petite dernière ».
Peut-on être une bonne musulmane et une bonne lesbienne à la fois ? La réponse est clairement « oui », à en croire le nouveau film d’Hafsia Herzi. En racontant comment Fatima, une petite banlieusarde des quartiers Nord de Marseille, en fac de philo, vit sa vie de lesbienne en 2025, Hafsia Herzi vient de réussir un film culte pour toute une génération. Rien ne manque à cet avènement lesbien sensuel et sensoriel. Et même s’il faut attendre de longues minutes pour voir tomber les masques de la pudeur, la réalisatrice nous entraîne en filmant au plus près des corps et des visages à la découverte des nouveaux chakras de la génération Z. La religion veille.
La religion veille.
Être lesbienne est devenu la norme, autant qu’être gay. Mais, tout n’est pas si simple. La religion veille, mais n’apparaît pas ici aussi castratrice qu’elle pourrait l’être. Tout n’est que bienveillance et hymnes générationnels chantés en chœur dans les soirées étudiantes. Ici, on écoute Kompromat, forcément, et on entonne « Vive les lesbiennes » de toute son âme.
Un film hors-norme
Justement, cela n’empêche pas que, alors que les saisons de cette première année de fac défilent dans les yeux de Fatima, elle ressente le blues et une remise en question. D’errement en après-midi piscine, ce film hors norme questionne sur l’identité, la famille, les traditions sous le regard juste de la caméra d’Hafsia Herzi. Comédienne révélée par « La Graine et le Mulet » du très controversé, par ses méthodes de tournage, Abdellatif Kechiche. Elle a quand même remporté un César et le prix de la Révélation féminine à la Mostra de Venise avec ce rôle. Désormais derrière la caméra, elle vient de livrer un grand film. « La Petite Dernière » va marquer au fer rouge toutes celles, et tous ceux, qui le verront.
Patrick Auffret



