Depuis 2015, Electric Jaguar Baby taille la route, guitare en bandoulière et fuzz vissée dans le rouge. Duo parisien aussi sauvage qu’indomptable, Franck (batterie/chant) et Antoine (guitare/chant) ont imposé leur son hybride quelque part entre garage, stoner, psyché et punk, enchaînant les tournées DIY et les scènes partagées avec des poids lourds comme Death Valley Girls, Nashville Pussy ou Sepultura. Toujours plus haut, toujours plus fort, ils reviennent en 2025 avec leur troisième album, Clair-Obscur, signé chez Majestic Mountain Records (Suède). Onze titres, 45 minutes, et une seule règle, pousser les amplis au maximum, parfait pour venir épaissir encore leur groove. Entre mur de son grunge, envolées shoegaze et descentes doom, les Jaguars explorent toutes les facettes de leur spectre sonore, du clair au sombre, sans jamais perdre leur rage originelle. Ils nous parlent de ce nouveau brûlot, de leur vision du rock et de la sueur qui continue de nourrir leur moteur.
Votre nouvel album porte le titre mystérieux de « Clair-Obscur », plein de symbolisme à l’image de votre artwork. Quelle est la symbolique habite ce troisième album ?
Clair-Obscur, oui, l’ombre, la lumière, le mal, le bien, tout autant de thèmes qui sont abordés dans les paroles, mais cela reflète aussi la musique et les compositions qui peuvent être énergiques, punk ou bien plus psychédélique ou même shoegaze, sombres ou plus joyeuses. On ne va pas en dire trop car cela permet aussi à chacun d’entrer dans cet album, la musique et la pochette avec sa propre approche!
Vous avez enregistré l’album en live, dans une approche brute et directe. Qu’est-ce que cette méthode change dans votre son et dans votre façon de jouer ensemble ?
Oui effectivement, nous avons presque toujours fonctionné de la sorte, nous ne sommes pas faits pour rester enfermés dans le studio et faire les prises séparément. Par ailleurs nous sommes avant tout un groupe de scène avec une énergie et une intention qui se ressent donc dans ce type d’enregistrement que nous avons donc volontairement choisi et on trouve que ça fonctionne mieux !
Vos morceaux oscillent entre fuzz garage survitaminé, breaks noise/doom et ambiances shoegaze. Comment parvenez-vous à équilibrer toutes ces influences sans perdre votre identité ?
Disons que nous arrivons à digérer toutes nos influences, tous ces styles que nous adorons. Ce mélange se fait naturellement et le fait d’être en duo nous permet aussi de garder notre identité, cela pose certaines limites, mais nous permet aussi de nous affirmer d’avoir un autre style.
Cet album accueille des invités de choix comme Lo (ex-Loading Data) et Chris Babalis Jr (Acid Mammoth). Comment s’est faite la connexion et qu’ont-ils apporté à vos compositions ?
Effectivement, nous avons la chance d’avoir deux superbes invités sur cet album. Avec Chris nous avons partagé la scène il y a plus d’un an. Puis en restant en contact, on lui a proposé de poser sur le deuxième mouvement de Héroine. Il a immédiatement accepté et proposé ses lignes de voix sur nos paroles. Il était extrêmement satisfait du résultat et de la chanson donc nous sommes ravis.
Avec Lo de Patron, l’histoire remonte un peu car nous l’avions proposé de chanter sur notre précédent album, mais cela ne s’était pas fait. Avec Bring Me Down et ses couplets groovy nous avons repensé à lui pendant l’enregistrement. Il a composé les paroles et la mélodie des couplets et le résultat encore une fois, très pro, et sublime à nouveau la chanson.
Ils ont également tous les deux joué le jeu en participant aux deux clip!
Après Slice Of Wax et Ripple Music vous sortez cette fois-ci votre disque chez le label Suèdois Majestic Mountain Records. Comment se passe cette collaboration et en quoi est-elle différente de vos expériences précédentes ?
Ce cheminement entre différents labels s’est fait assez naturellement. Slice of Wax a arrêté son activité quand nous souhaitions sortir notre deuxième album. Nous l’avons proposé à Todd de Ripple Music qui a été très rapidement OK pour le sortir !
Au moment de préparer, la sortie de « Clair-Obscur » il ne pouvait pas l’inclure dans son planning de sortie. Nous étions déjà en lien avec Majestic Mountain Records par le passé, (il souhaitait également sortir un précédent album, mais cela ne s’était pas fait ) nous avons donc fait écouter l’album à Marco qui a décidé de le sortir sur son label. Tout cela s’est fait très naturellement en toute transparence avec chaque interlocuteur et aussi au regard de notre parcours. Ce n’est pas un souhait de changer de la belle à chaque album, mais c’est une expérience très enrichissante un peu comme changer de ville et de salle pour chaque concert !
On sent une volonté de pousser plus loin votre esthétique fuzz-rock hyper énergique. Est-ce plus une évolution logique de votre parcours ou une démarche qui s’écrit au fil du temps ?
Je pense que c’est une évolution naturelle de notre style de composition au fil des albums, mais aussi au fil des tournées. On a énormément tourné en France et en Europe. Donc à force, on commence aussi à penser les morceaux pour le live. Après évidemment on se connaît tous les deux davantage et tout est plus fluide, donc notre style s’est affiné!
Depuis 2015, vous avez tourné partout en Europe et partagé la scène avec des groupes comme Sepultura, Nashville Pussy ou Death Valley Girls. Quelles rencontres ou expériences live ont le plus marqué vos concerts ?
C’est vrai qu’on a beaucoup tourné, notamment à l’international : les tournées en Allemagne ou en Belgique sont assez incroyables, on croirait dans l’émission Tracks la plupart du temps. Sinon l’année dernière ils ont fait deux semaines dans toute l’Italie, là aussi c’était incroyable et ça reste (plus qu’on ne croit) un pays de Rock, et pour moi, Antoine qui suit à moitié italien, c’était le combo parfait. Comme toujours on y fait des rencontres géniales ou que l’on aille, c’est aussi pour ça que l’on tourne beaucoup.
Évidemment en juin dernier, il y a eu notre concert où Hellfest qui était complètement dingue sur une scène à 360 dans une cage : ça restera aussi dans nos mémoires pour toujours!
Dans vos chansons il y a toujours cette noirceur qui semble plus que jamais assumée. Est-ce un reflet d’expériences personnelles ?
Oui, chacun a son chemin de vie, quand on était plus jeune, on a joué dans les groupes de punk rock , l’ambiance était peut-être plus ensoleillée à l’époque et à ces âges-là! Cette noirceur se ressent dans certains textes, mais comme on l’évoquait en début d’interview, c’est ce qui fait aussi la beauté de la vie et de la musique! Quand on écoute des groupes, on apprécie de pouvoir se retrouver dans les paroles, qu’elles soient joyeuses ou plus tristes.
Votre réputation sur scène est déjà bien installée. Comment vivez vous l’expérience du live ?
C’est ce qu’on préfère le plus, nous sommes vraiment un groupe de live. Nos concerts sont très énergiques et bien que nous soyons un duo, on donne vraiment toute notre énergie et notre cœur! Tous les retours que l’on qu’on a pu avoir en ce sens, ça nous fait plaisir également. Souvent les gens hallucinent de voir seulement deux mecs sur scène !
Aussi, nos concerts sont beaucoup plus heavy que nos enregistrements. Le live est pour nous un exutoire et aussi un échange et une connexion avec le public.
Si vous deviez convaincre quelqu’un qui ne vous connaît pas encore d’écouter cet album, quelle phrase ou quelle image lui donneriez-vous pour résumer l’essence d’Electric Jaguar Baby version 2025 ?
C’est une très bonne question, bon déjà que le nom peut donner une piste à l’auditeur aux spectateurs. Ensuite, chacun peut s’y retrouver, car comme tu le disais nous réussissons à mixer des styles très différent, Punk, garage Rock voir un peu Doom Stoner. C’est ce qui fait notre force est que l’auteur ne s’ennuie pas sur l’album et encore moins en concert !