Une maison en cordes et en brumes. Avec « Guitar », Mac DeMarco choisit de lever le voile sur une intimité sonore façonnée dans la solitude d’un salon de Los Angeles. Pas de grands studios, juste un homme, son instrument, quelques micros, et cette obstination douce qui l’incite à tout faire lui-même, du mixage aux clips en passant par la pochette bricolée (à l’exception du mastering confié à David Ives). C’est un disque qui respire l’artisanat, mais surtout la vérité.
L’album s’articule autour de textures simples mais évocatrices, faites de cordes cristallines, de rythmes feutrés, de douceurs suspendues entre mélancolie et apaisement.
On entend bien sur l’écho des influences familières entre le folk introspectif d’un Nick Drake, l’expérimentation mélodique façon Paul McCartney période McCartney I, ou encore la désinvolture feutrée des pionniers lo-fi. Mais derrière ces filiations, le Canadien trace sa route, privilégiant la sincérité du geste à la perfection technique.
Là où « Five Easy Hot Dogs » explorait les paysages instrumentaux en road trip sonore, « Guitar » se recentre sur l’essentiel et plonge dans le cœur, dans l’instant, dans le présent, dans un monde intérieur aux ambiances caressantes qui nous semble d’emblée étrangement familière. Et l’on se surprend à percevoir la guitare comme une sorte de boussole, indiquant toujours le chemin du sentiment.
Il y a quand même une question. Est-ce un disque vraiment mélancolique ? Oui, surement, mais pas seulement. C’est peut-être aussi et surtout un carnet de chevet ouvert, un miroir où chacun peut retrouver ses propres ombres et ses propres éclaircies.
À vous de savoir si, en poussant la porte de cette maison Guitar aux 12 pièces musicales pleines de délicatesse, vous y trouverez votre réconfort, même si je sais bien que notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Pour ma part, j’y trouve une forme de réflexion sur le sens de l’existence et je pense qu’il nous livre non seulement une belle occasion de découvrir une nouvelle facette de cet artiste, définitivement déroutant, mais aussi un album à écouter à l’infini.