C’est le grand retour de Wes Anderson !
Ayant toujours en mémoire les très décevants « Asteroid City » et « French Dispatch » avant de pénétrer dans la Mecque des cinémas parisiens (Le « Max Linder« , déjà hautement célébré par votre serviteur), c’est sur l’impression d’une affiche énigmatique que je décide de renouer avec l’esthète étasunien. Dès le pré-générique, notre Kubrick romantique pose des jalons bien connus de toutes et tous. Travellings mesurés, scénettes millimétrées dignes de tableaux vivants, actrices et acteurs dirigés tels des marionnettes dans leurs déplacements, jeu pétri de distanciation brechtienne, dialogues décalés, photographie aux teintes surannées et la composition (constamment inspirée) d’Alexandre Desplat… Bref, tout y est. Mais là où le statisme ambiant embourbait ses deux précédents opus dans des abimes d’interrogations, « The Phoenician Scheme » ne cesse de rebondir d’un plan à l’autre pour mieux nous surprendre. Ici, un attentat dans les airs, là un paradis fantasmé aux frontières de la Mort, plus loin un concours de basket-ball à se tordre de rire. Le grand Wes nous régale tout en cassant ses jouets. Le changement ? C’est maintenant ! Pour la première fois, l’originaire du Texas se frotte à la violence et parsème son long-métrage d’effets sanguinolents. Oui, le monde sombre. Oui, les despotes de tous poils (et de tous postiches) se gargarisent à l’idée de se mirer dans un téléviseur ou sur « Toc-Toc« . Ego, dégoût et tout à l’égout. Mon Dieu, Houston, nous avons un problème sur la carte géopolitique.
Notre dandy nostalgie l’a bien saisi et sublime ses critiques économiques par la grâce de pirouettes scénaristiques et d’un humour « à froid ». Of course, ce Zsa-zsa Korda pourrait s’apparenter au président américain. Même suffisance, même démarche trainante, même embonpoint. Mais dans cette quête de pouvoir absolu, le conte d’Anderson propose une alternative religieuse et philosophique sous les traits d’une enfant peu prodigue nommée Soeur Liesl. Vous attendiez un portrait au vitriol d’un arnaqueur de première ? Il sera doublé d’une réhabilitation paternelle et d’une rédemption sur le tard. Entre un père, diable calculateur, et sa fille, nonne en devenir, les différences s’apparentent à des cratères. Et pourtant. Au gré d’une aventure rocambolesque traversée d’assassinats foireux, d’engueulades, de questions métaphysiques et de calumets de la paix, ces deux-là vont finir par s’apprivoiser. Et le film d’espionnage de prendre de la hauteur. Dieu existe-t-il ? La morale est-elle affaire de religion ? La vie, c’est comme une boite de chocolats ou une boite à chaussures ? Il était une « foi »… ?
Ne comptez pas sur moi pour aller plus loin. Je ne vous dévoilerai rien de plus du contenu de cette pochette surprise. En revanche, je m’attarderai sur les nombreux rappels aux précédents films qui peuplent ce délire d’1 heure 40. Le segment « paradisiaque » en noir et blanc est un feedback évident à « The French Dispatch » (certainement tourné simultanément), le combat surréaliste entre Benicio del Toro et Michael Cera est un hommage au self-défense pratiqué par le » Fantastic Mr Fox » et la découpe de l’avion ressemble furieusement à l’un des wagons du » Darjeeling Limited « . Enfin, bon nombre d’autres références (« Peter Pan » et ses enfants perdus, « Indiana Jones » et même…Orson Welles !) transforment une simple projection sur grand écran en partie géante de « Où est Charlie ? », pour notre plus grand plaisir de cinéphile. Pour terminer, et c’est le point fort de cette nouvelle entreprise, les combinaisons formées entre les différents membres d’une distribution gargantuesque (Mia Threapleton, Riz Ahmed, Mathieu Amalric, Jeffrey Wright, Richard Ayoade, Scarlett Johansson, Bill Murray, Willem Dafoe, F. Murray Abraham, Charlotte Gainsbourg, etc.…) offrent d’inoubliables moments de cinéma ! Vous n’oublierez pas de sitôt le binôme beckettien » Tom Hanks-Bryan Cranston » ou le duel bouffon entre un Benedict Cumberbatch déchainé et un Benico del Toro placide (qui trouve en ce personnage démesuré l’un des grands rôles de sa carrière).
Ne comptez pas sur moi pour aller plus loin. Je ne vous dévoilerai rien de plus du contenu de cette pochette surprise. En revanche, je m’attarderai sur les nombreux rappels aux précédents films qui peuplent ce délire d’1 heure 40. Le segment « paradisiaque » en noir et blanc est un feedback évident à « The French Dispatch » (certainement tourné simultanément), le combat surréaliste entre Benicio del Toro et Michael Cera est un hommage au self-défense pratiqué par le » Fantastic Mr Fox » et la découpe de l’avion ressemble furieusement à l’un des wagons du » Darjeeling Limited « . Enfin, bon nombre d’autres références (« Peter Pan » et ses enfants perdus, « Indiana Jones » et même…Orson Welles !) transforment une simple projection sur grand écran en partie géante de « Où est Charlie ? », pour notre plus grand plaisir de cinéphile. Pour terminer, et c’est le point fort de cette nouvelle entreprise, les combinaisons formées entre les différents membres d’une distribution gargantuesque (Mia Threapleton, Riz Ahmed, Mathieu Amalric, Jeffrey Wright, Richard Ayoade, Scarlett Johansson, Bill Murray, Willem Dafoe, F. Murray Abraham, Charlotte Gainsbourg, etc.…) offrent d’inoubliables moments de cinéma ! Vous n’oublierez pas de sitôt le binôme beckettien » Tom Hanks-Bryan Cranston » ou le duel bouffon entre un Benedict Cumberbatch déchainé et un Benico del Toro placide (qui trouve en ce personnage démesuré l’un des grands rôles de sa carrière).
A l’heure où notre planète se tient au bord de l’implosion, « The Phoenician Sceme » adresse un pied de nez à la détresse ambiante sans oublier d’être grave.
Et, cette nonchalance, c’est de l’élégance.
« The Phoenician Scheme« , dernier Wes terne ?
Wes, ma gueule !
Un réalisateur résolument moderne.
John Book.
PS: si vous êtes de passage sur Paris, ne loupez pas la très belle exposition proposée par la Cinémathèque Française (jusqu’au 27 Juillet) autour du Maître !!!