Miossec – « Simplifier »

Simplifier, le 12e album du Finistérien, voit Miossec, partir en quête de simplicité dans un disque où le reflet rugueux des expérimentations n’est pas qu’un concept d’apparences, mais plutôt un désir de revenir à l’essentiel, sans artifices.

Nous voici exhortés à expérimenter avec lui la simplification, comme un remède à l’exubérance qui règne en maître en 2023 et d’évidence le bon sens réside dans cette direction.

Après avoir revisité « Boire », cet opus, « Simplifier », nous dit beaucoup de choses sur l’artiste breton. Comme aurait pu le dire Victor Hugo la simplification est un masque étroit d’où perce par endroits un accès à la confiance. À 58 ans quoi de plus naturel que de vouloir regarder dans le rétroviseur d’une vie bien remplie et d’explorer un journal intime écrit en plus de 40 de chansons.
Une vie devrait toujours être simple. Et elle vole, comme il le chantait sur « Mammifères », elle se doit d’être vécue avec ses avantages et ses inconvénients. Pour autant rendre les choses simples n’est pas facile.
La simplification, dans un processus de création, c’est aussi s’expérimenter au milieu complexe de l’introspection et s’ouvrir aux réalités sans s’éloigner de la compréhension.  

Miossec choisit donc pour cette nouvelle expérience des sonorités parfois new wave, parfois électro, avec des arrangements synthétiques, sobres et pointilleux.
Ça fonctionne et se marie parfaitement avec la voix rocailleuse du chanteur. On sait que Miossec a toujours eu un goût prononcé pour la distinction des mots et la discrétion des sentiments, comme autant d’allégorie à l’ivresse de vivre aux rythmes des saisons finistériennes.
On se concentre alors sur cette humeur vagabonde que les intrus et les arrangements subliment avec subtilité.

Dès l’intro « Tout est Bleue » met immédiatement dans le bain. L’intimité est de rigueur et la mélodie couleur pastel, fixe le ton que nous retrouverons sur les 11 titres du disque. « Je m’appelle Charles » en hommage au patron du mythique Vauban où « Mes Disparus » sont nostalgiques sans être plombants, la mélancolie prend alors des allures de beauté. La chansons « Mes voitures » en est également une belle expression, où il file la métaphore du temps qui passe et des amours qui cassent. 

L’album, même si il très court, 30 minutes, est de bonne facture, continuité de « Les rescapés » où les fêlures de Miossec nous séduisent tout en nous surprenant par cette capacité de pouvoir se réinventer en restant lui même. 
Un album qui s’écoute attentivement pour justement en percevoir les nombreuses subtilités, et même s’il nous laisse un arrière-goût de trop peu, l’ambiance, la justesse, la poésie n’en est que plus intéressante.