2020 SUCKS !

« La vie n’est pas facile / La vie n’est pas docile / Souvent l’amour s’achève / À peine commencé » chantait Patricia Carli en 1977, dans un élan dépressif visible et avec une foi en la vie aléatoire.

Un condensé de mal-être interne et le constat que, 40 ans plus tard, la France reste parmi les principaux consommateurs d’antibiotiques, d’anxiolytiques, d’antidépresseurs, d’antiulcéreux, d’antihypertenseurs, d’antidiabétiques et d’antiasthmatiques. Bref, la France est « anti-tout » alors que dans le même temps, nos voisins transalpins ne sont qu’antipasti.

En ce début d’année 2020, vous aurez noté que le mot le plus usité est « climat ». Entre climat social et climat tout court, il est au centre de toutes les attentions. Le sort des gilets jaunes et des cheminots est donc lié au devenir des koalas. Preuve que nous sommes interconnectés et qu’un battement d’ailes d’un cormoran dans la baie d’Audierne peut provoquer des feux incontrôlables sur l’île-continent du bout du monde (le fameux « effet papillon » formulé par le météorologue Edward Lorenz en 1972).

En cette année 2020 de matérialisation et de souffle, il nous faudra donc nous « acclimater » pour vivre heureux. Car ne vous leurrez pas, 2020 va revêtir son lot de plaisirs et de souffrances au même degré d’intensité. Un exemple ? Le dernier album « Everyday Life » de Coldplay, sorti le 22 novembre 2019 (souffrance) et le prochain « Have We Met » de Destroyer (sortie à venir le 31 janvier 2020) (plaisir). Les polarités positives et négatives constituent une loi universelle, nous ne pouvons aller contre. La matière est claire ET obscure. La vie est un tableau de Georges de La Tour, un jeu d’ombres et de lumières. Mais il ne faudrait pas oublier qu’elle est un jeu avant tout, une pièce de théâtre tantôt dramatique, tantôt drolatique. Elle est une danse, un mouvement perpétuel avec lequel nous devons composer avec fluidité.

Je repense parfois à cette résolution béate formulée par la candidate de Poitou-Charentes lors de la dernière élection de Miss France : « Je voudrais la paix dans le Monde, qu’il n’y ait plus de guerres ». Comment lui dire à la poitevine que cela n’aura que très peu de chances d’arriver tant que chacun ne respectera pas le système de valeurs de son voisin, source de TOUS les conflits sur cette planète.

Et là, l’habitant de Flavigny-sur-Ornains, fidèle lecteur de notre fantastique webzine, se demande : « C’est quoi un système de valeurs ? ».

En clair, respecter un système de valeurs, c’est accepter la différence de l’autre.

Pour exemples, c’est accepter que le teenager lascif et râleur qui vit sous votre toit (vous savez, celui qui répète environ 3497 fois par jour « Je m’en bats lec », « Ça me soûle » ou sa variante littéraire « Ça me gave ») kiffe le dernier opus de Zola – il parle ici du nouveau bad boy du rap français, natif d’Évry, auteur de « Cicatrices » et non du romancier auteur des Rougon-Macquart et du « J’accuse » paru dans L’Aurore du 13 janvier 1898, dont il n’a jamais entendu parler –, alors que vous ne jurez que par Rowland S. Howard, ce génie a(u)stral.

C’est accepter qu’il ait pour mentor dans la vie, Julien Tanti, le barman de l’émission de télé-réalité Les Marseillais, qu’il considère comme l’un des plus grands génies inspirants « of all times », alors que vous ne jurez que par Elon Musk ce visionnaire !

C’est enfin accepter que PNL est pour lui un groupe de cloud rap et non une pratique pseudo-scientifique de médecine alternative élaborée aux USA dans les 70’s, répondant au doux nom de Programmation Neuro-Linguistique.

Bref, le système de valeurs, c’est un truc qui challenge au quotidien !

2020, c’est aussi l’année de la transformation. Nous devrons lutter contre nos croyances limitantes et nos peurs (abandon, culpabilité, ne pas être à la hauteur, ne pas être digne) et bannir toutes ces expressions ancestrales : « C’était mieux avant ! », « L’argent ne fait pas le bonheur ! », « Je ne suis pas digne d’y arriver », « Je suis trop vieux (ou trop vieille) pour apprendre », « Je n’ai pas le droit à l’erreur », « On ne peut pas tout avoir dans la vie », « Je ne peux pas aimer sinon je risquerais d’en avoir le cœur brisé », etc. Foutaises et mensonges !

Nous devons être architectes de nos vies et nous libérer du triangle dramatique (victime, persécuteur, sauveteur). Personne d’autre que nous-mêmes n’a le pouvoir de nous rendre heureux, sauf peut-être, exception notable, la sortie prochaine mais improbable d’un nouvel album des Smiths ! Nous avons les cartes en main, indépendamment des personnes, situations et circonstances extérieures. C’est nous qui définissons les règles du jeu, ce ne sont pas les cartes qui nous gouvernent.

Au lieu de chercher à éviter nos peurs et nos croyances, le challenge consisterait plutôt à les accepter, à les aimer, à les acclimater à nous-mêmes. « On fait de jolis rêves / Qui finissent en chiffon de papier »… C’est là où Patricia Carli n’a pas su se transformer, passer en mode solution plutôt que de subir.

 « Nous deux, ça doit te sembler loin / Je n’t’ai jamais oubliée, tu sais »… Ah, si Patricia Carli avait été au courant de loi de la conservation de Lavoisier« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » –, il en aurait été bien autrement ! Mais cela a un coût important en termes de temps, pensées, énergie et argent. Sans doute la raison pour laquelle 99,9% des gens renoncent à se transformer pour des raisons fallacieuses (« Je n’ai pas le temps », « Je n’ai pas d’argent pour… », etc) et restent dans leur pathos. Dans un monde d’immédiateté, prendre 12 à 18 mois de sa vie pour se transformer intérieurement (l’externe venant ensuite naturellement) est inconcevable pour la majorité.

« Dis ! Qu’est-ce que tu fais ce soir? / […] / Est-ce que je peux venir te voir ? / […] / Moi, j’ai plutôt les idées noires »… Patricia, la vie est une danse, lâche prise veux-tu…

Il nous faudra nous « acclimater » pour vivre heureux disais-je en préambule. Je vous souhaite, chères lectrices et chers lecteurs de lust4live.fr, de cultiver votre jardin d’acclimatation chaque jour que la Vie nous offre.

Et si j’osais pour finir : ayons la Rock gratitude !

Alechinsky.